La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (5/14). Nancy
NANCY
(lat. 48° 41’ 31”; long. 30° 51’ 0” E.).
Nancy (Nanceium, Nancium), importante station de la ligne du chemin de fer de Paris à Nancy, de Nancy à Mirecourt et Chalindrey et les chemins de fer allemands (réseau de l’Est), est une grande, riche et des plus belles villes de France, peuplée de 73,219 habitants, et située à 316 kilomètres à l’est de Paris, sur la rive gauche de la Meurthe, à l’extrémité d’un bassin fermé à l’ouest, au nord et au sud par des coteaux très élevés, et totalement découvert du côté du levant. Autrefois, capitale de la Lorraine, cour souveraine, chambre des comptes, cour et hôtel des monnaies, intendance, gouvernement particulier, bailliage, juridiction consulaire, bureaux de recettes des fermes et domaines, maîtrise particulière, recette des finances, prévôté générale de maréchaussée, société royale des sciences et des lettres, collège royal de médecine, nombreux couvents, etc., etc., etc.; aujourd’hui, chef-lieu du département, d’un arrondissement communal et de trois cantons, avec cour d’appel, tribunaux de 1ère instance et de commerce, Académie scientifique et littéraire, société d’agriculture, école forestière, académie universitaire, Facultés, lycée, école de médecine, cours publics, évêché, séminaire, etc.
Dans ces dernières années, Nancy a tenu à garder son renom d’être une des plus belles villes de France; les améliorations physiques ont été nombreuses. Nous nous contenterons de signaler les principales, par ordre de date, en prenant pour guide l’Annuaire de Meurthe-et-Moselle, publié par M. H. Lepage en 1861, restauration et agrandissement de l’hôtel de ville; 1862, construction du nouveau musée; 1867, square de la place La Fayette; 1870, promenade des Bastions; 1875, boulevard Lobau; 1876, nouveaux bâtiments pour la Faculté de médecine; 1877-1878, nouveaux bâtiments pour le lycée; on outre, de nombreuses écoles communales ont été édifiées. En dehors du fort de Frouard et ceux dits de Pont-Saint-Vincent, où existe un vaste camp retranché relié au système de fortifications de Toul, les projets de protéger Nancy par des fortifications ont été provisoirement abandonnés.
Toutes les étymologies qu’on a données du nom de Nancy paraissent plus ou moins douteuses; mais puisque la sagacité des antiquaires s’est exercée sur ce sujet, nous devons citer au moins une des opinions qui se sont produites, sans prétendre d’ailleurs trancher une question sur laquelle des érudits distingués restent encore divisés. « Il y a assez d’apparence, dit dom Calmet, que le nom de Nancy, Nanceïum, Nancey, vient du celtique nant, qui signifie un amas d’eau, une mare, un marais... Nous disons encore dans ce pays-ci une noue, une naûe, une mare; on sait qu’à Nancy il y avait autrefois une grande mare au lieu qu’occupe aujourd’hui la carrière de la vieille ville. » Telle est l’opinion du savant bénédictin, que l’on nous permettra de consigner ici sans discussion.
C’est au XI° siècle que le nom de Nancy ou Nancey commence à figurer dans les documents relatifs à l’histoire de Lorraine. Le prince Oldéric, frère de Gérard d’Alsace, duc de Lorraine, est appelé Oldéric de Nancy dans une charte de l’an 1069. Thierry, fils de Gérard, fonda vers 1080 le prieuré de Notre-Dame, près de Nancy. Enfin un acte du duc Simon, fils de Thierry, est daté du voisinage de Nancy, datum in castro meo juxta Nanceïum. Quelques années plus tard, le duc Matthieu 1er, troisième successeur de Gérard d’Alsace, acquit de Drogon, petit-fils d’Oldéric, Nancy on échange des seigneuries de Lenoncourt et de Rosières-aux-Salines; c’est ainsi que l’illustre maison issue du frère de Gérard d’Alsace prit le titre de Lenoncourt. Depuis cet échange, qui eut lieu vers 1153, Nancy paraît avoir été la résidence habituelle des ducs de Lorraine. Le duc Ferry II y mourut en 1213. Sous le règne de Thiébaut 1er, son fils et son successeur, Nancy fut incendiée par le comte de Bar, qui faisait la guerre au duc de Lorraine de concert avec l’empereur Frédéric II.
Au XIIIe siècle, Nancy obtint du duc Ferry III, en même temps que beaucoup d’autres villes de la Lorraine, la loi de Beaumont. Le même prince se construisit un palais au milieu de la ville. Au siècle suivant, vers 1329, le duc Raoul fonda l’église collégiale de Saint-Georges, qui était riche en reliques précieuses. Raoul déclare dans l’acte de fondation que toutes les fois qu’un duc de Lorraine fera sa première entrée à Nancy, il fera serment, dans l’église Saint-Georges, de conserver les droits et privilèges des chanoines, et y laissera son cheval pour le chapitre.
En 1350, pendant la minorité de Jean 1er et dans la guerre qui éclata entre la régente de Lorraine et Adhémar, évêque de Metz, le belliqueux prélat arriva devant Nancy avec une armée pour en faire le siège. Au bout de quelques jours, il renonça à son projet, brûla les faubourgs de la ville et leva son camp. C’est aussi sous le règne de Jean 1er que l’enceinte de Nancy fut agrandie; la population devenait plus nombreuse depuis que des franchises avaient été accordées à la ville; il y avait déjà à cette époque les Lombards marchands et prétants et une confrérie de marchands dont les statuts furent approuvés par Jean 1er. Les travaux d’agrandissement commencés par ce prince furent continués par son successeur Charles II, qui fit aussi dessécher les marais voisins qui rendaient le séjour de la ville insalubre. La part que prit le duc Charles à la rivalité de Wenceslas et de Robert, qui se disputaient la couronne impériale, attira un ennemi redoutable sous les murs de Nancy; c’était Louis d’Orléans, frère du roi de France, qui s’était déclaré pour Wenceslas, tandis que Charles II soutenait les prétentions de Robert. Louis d’Orléans ayant fait une ligue puissante avec le duc de Bar, l’évêque de Verdun et d’autres seigneurs, chargea son grand maréchal, le seigneur de Luxembourg, d’attaquer la Lorraine; mais l’expédition échoua complètement.
A la mort de Charles II (1431), son gendre René d’Angers, chef de la dynastie angevine en Lorraine, fit une entrée triomphale à Nancy, alla à l’église Saint-Georges, aux acclamations d’une foule immense, et laissa son cheval aux chanoines suivant l’usage.
Eu 1444, Charles VII, qui méditait la conquête des Trois-Évêchés, accomplie un siècle plus tard, vint en Lorraine et séjourna à Nancy auprès de son beau-frère René. Ce fut dans cette ville que le roi de France reçut une première fois les députés de Metz, qui essayèrent de lui démontrer que Metz était complètement indépendante du royaume de France, et auxquels il fit une réponse si hautaine. L’année suivante, pendant que Charles VII était encore à Nancy, on y vit arriver le duc de Suffolk, chargé par le roi d’Angleterre, Henri VI, de demander en mariage Marguerite, fille de René. Cette union, qui devait être si fatale à la belle Marguerite, fut célébrée par de grandes fêtes avant le départ de la jeune princesse pour l’Angleterre.
Nancy éprouva de cruelles vicissitudes sous le règne de René II. Charles le Téméraire, la terreur de son temps, le lion rugissant parmi la foret de l’Europe, convoitait la Lorraine. La première année de son règne, René II l’avait reçu magnifiquement à Nancy lorsqu’il transportait de Flandre en Bourgogne le corps de son père, Philippe le Bon; mais peu de temps après Charles le Téméraire lui imposait un traité qui ouvrait à ses troupes plusieurs places du duché. René ne pouvait se méprendre sur les intentions du duc de Bourgogne, et, comptant d’ailleurs sur l’appui de Louis XI, il lui déclara la guerre. Au mois d’octobre 1475, Charles le Téméraire parut devant Nancy. Ce n’était encore à cette époque qu’une ville de peu d’étendue, puisque Pierre de Blaru, l’auteur de la Nancéiade, l’appelle parva et lui refuse presque le nom de ville. Cependant elle était environnée de faubourgs, et ce fut dans un de ces faubourgs que s’établirent le duc de Bourgogne et ses généraux. Mais la garnison résista vigoureusement; l’Italien Campo-Basso, qui dirigeait le siège, était peut-être déjà secrètement d’accord avec les ennemis de son maître. La ville ne se rendit que sur l’ordre même de René, qui se voyait alors abandonné par Louis XI; encore Charles le Téméraire accorda-t-il une capitulation favorable. Il y fit son entrée le 30 novembre 1475. « Il se soumit, dit M. Michelet, à faire le serment que faisaient les ducs de Lorraine, et il reçut celui des Lorrains; il rendit la justice en personne comme faisaient les ducs, écoutant tout le monde infatigablement, tenant les portes de son hôtel ouvertes jour et nuit, accessible à toute heure. »
Pourquoi le duc de Bourgogne montrait-il dans cette circonstance une douceur et des ménagements si rares chez lui? C’est que dans ses plans d’ambition la Lorraine devait être le centre de son nouvel empire, et Nancy sa capitale. Sa situation géographique semblait destiner cette ville à ce rôle important, et puis Charles était fatigué de l’indocilité des Flamands. Il déclara ses intentions aux états assemblés dans Nancy au mois de décembre.
Mais, pendant que le Téméraire se faisait battre à Granson et à Morat, René II reprenait les places de la Lorraine et assiégeait Nancy, dont le gouverneur, le seigneur de Bièvre, était obligé de capituler après vingt jours de tranchée (octobre 1476). Quand les articles de la capitulation eurent été réglés, Bièvre envoya au duc de Lorraine un pâté de chair de cheval, en lui faisant dire que depuis plusieurs jours il en était réduit à cette nourriture. René lui fit passer d’abondantes provisions. Trois jours après il apprit que Charles le Téméraire venait de reparaître en Lorraine; le 25 octobre, les Bourguignons étaient devant Nancy. René venait d’en sortir en promettant aux habitants que s’ils tenaient pendant deux mois, il arriverait à leur secours. Il alla chercher des troupes en Suisse.
Cependant le siège continuait; la situation de Nancy était critique; les murs étaient ruinés par l’artillerie ennemie, et une cruelle disette régnait dans la ville; il est vrai que l’armée assiégeante ne souffrait pas moins : l’hiver, cette année-là, fut terrible. Quatre cents hommes gelèrent dans la seule nuit de Noël. Les chevaux crevaient; le peu qui restait était malade et languissant. Mais Charles le Téméraire tenait bon; on venait de lui annoncer que dans la ville on avait mangé tous les chevaux et qu’on on était aux chiens et aux chats.
Cependant René s’avançait vers Saint-Nicolas avec environ vingt mille hommes, et il savait par Campo-Basso que le duc on avait à peine quatre mille on état de combattre.
« Le samedi soir 4 janvier, le Téméraire tenta un dernier assaut que les affamés de Nancy repoussèrent, forts qu’ils étaient d’espoir et de voir déjà sur les tours de Saint-Nicolas les joyeux signaux de la délivrance. Le lendemain, par une grosse neige, le duc quitta son camp en silence et s’en alla au-devant, comptant fermer la route avec son artillerie. Il n’avait pas lui-même beaucoup d’espérance; comme il mettait son casque, le cimier tomba de lui-même Hoc est signum Dei, dit-il, et il monta sur son grand cheval noir. Les Bourguignons trouvèrent d’abord un ruisseau gonflé par les neiges fondantes; il fallut y entrer, puis tout gelés se mettre en ligne à attendre les Suisses. Ceux-ci, gais et garnis de chaude soupe, largement arrosés de vins, arrivaient de Saint-Nicolas. Ces masses étaient tellement nombreuses, épaisses, que tout en faisant front aux Bourguignons et les occupant tout entiers, il fut aisé de détacher derrière un corps pour tourner leur flanc comme à Morat, et pour s’emparer des hauteurs qui les dominaient. Se voyant pris en flanc, les piétons lâchèrent pied. Il n’y avait pas à songer à les retenir. Ils entendaient là-haut le cor mugissant d’Unterwald, l’aigre cornet d’Uri; leur coeur en fut glacé, car à Morat l’avaient entendu Ceux de Nancy qui voyaient tout du haut des murs furent si éperdus de joie qu’ils sortirent sans précaution; il y en eut de tués par leurs amis les Suisses, qui frappaient sans entendre. Une grande partie de la déroute fut entraînée, par la pente du terrain, au confluent des deux ruisseaux, près d’un étang glacé. La glace moins épaisse sur ces eaux courantes ne portait pas les cavaliers. Là vint s’achever la triste fortune de la maison de Bourgogne. » (Michelet.)
S’il faut en croire la tradition, ce fut le châtelain de Saint-Dié qui porta le .coup mortel à Charles le Téméraire (5 janvier 1477). Le soir même, René entra dans Nancy aux flambeaux. Les bourgeois avaient dressé dans la cour de son palais un amas de têtes de chevaux, d’ânes, de chiens, de chats, de rats, dont ils s’étaient nourris pendant le siège. Plusieurs milliers de Bourguignons étaient restés sur le champ de bataille; ils furent enterrés dans l’emplacement actuel de l’église de Bon-Secours où fut élevée la chapelle des Bourguignons. La place où tomba Charles le Téméraire est encore aujourd’hui marquée par une croix.
René, pour reconnaître le zèle et la fidélité que lui avaient témoignés les bourgeois de Nancy, leur accorda divers privilèges; il les exempta à perpétuité de la taille ordinaire et de tous les autres droits, aides, charges, impôts ordinaires et extraordinaires. Cette immunité était personnelle et le bourgeois de Nancy en jouissait dans toute l’étendue du duché. Par un acte de 1497, René reconnaît encore que les bourgeois de Nancy ont racheté de son consentement les tailles ordinaires qu’ils payaient aux églises Saint-Georges et Saint-Nicolas. Ces privilèges et d’autres encore furent confirmés à plusieurs reprises par ses successeurs.
Dans les dernières années de son règne, René II fit reconstruire le palais ducal élevé jadis par Raoul; il fit élever aussi l’église Saint-Nicolas et l’église des Cordeliers; enfin il fit paver entièrement les rues de sa capitale.
Le long règne du duc Charles III (1545-1608) est une époque importante dans l’histoire de Nancy. En 1552, le roi de France Henri II arrivait on Lorraine suivant la convention qu’il avait faite avec les princes luthériens d’Allemagne ligués contre Charles-Quint. Se méfiant de la duchesse douairière Christine de Danemark, Henri II fit occuper Nancy par le maréchal de Saint-André; il y vint lui-même et fut accueilli à grand honneur par le jeune duc Charles et les seigneurs lorrains. L’administration de la Lorraine fut enlevée à la mère du duc et donnée à son oncle, le prince de Vaudémont; le jeune Charles fut conduit à la cour de France pour être élevé entre les enfants du roi qui lui destinait une de ses filles: Claude de France. Ce mariage fut célébré en 1559, et cette année Charles III quitta Paris et revint à Nancy. Un des soins principaux de l’administration de Charles III fut d’agrandir et d’embellir Nancy. Il fit faire de nouvelles murailles à la ville ancienne et il fonda la ville neuve. Il facilita par de sages mesures la construction des maisons, et en moins de huit ans un grand nombre avaient été construites.
Son successeur Henri multiplia prodigieusement à Nancy les établissements pieux. Le prince dévot songeait à se retirer dans un monastère quand la mort le surprit. En 1625, les états de Lorraine furent réunis à Nancy pour entendre l’abdication de François de Vaudémont, son frère, en faveur de son fils Charles, qui avait épousé Nicole, fille de Henri. Les intrigues de Charles IV donnèrent au gouvernement français, alors dirigé par Richelieu, de trop justes motifs de ressentiment. L’armée française investit Nancy une première fois en 1632; le duc, disent les mémoires de Richelieu, avait promis partout de faire merveilles, s’il était attaqué, et l’avait écrit particulièrement aux dames auxquelles on ne peut dire beaucoup pour faire peu sans confusion et sans honte... Malgré ces fanfaronnades, Charles IV s’humilia et implora la paix, qui lui fut accordée ; mais, dès l’année suivante, ce prince incorrigible fournissait à Richelieu de nouveaux prétextes pour l’attaquer, et Louis XIII parut devant Nancy avec son terrible ministre. Les préparatifs du siège furent poussés avec vigueur, lorsque le cardinal François de Lorraine, frère du duc, vint signer de sa part la promesse de remettre Nancy au roi sous trois jours; mais, en même temps, Charles mandait secrètement au gouverneur de ne pas ouvrir les portes sans un nouvel ordre signé de sa main. D’ailleurs une de ses soeurs, la belle et intrigante princesse de Phalsbourg, était dans la ville et animait le peuple à la résistance. Richelieu, impatienté des délais et des subterfuges du duc, envoya un corps d’armée le poursuivre vers les Vosges. Charles IV parut enfin céder; il eut une entrevue avec Richelieu, se soumit aux conditions qui lui furent dictées, et se laissa conduire par l’escorte du cardinal au quartier du roi devant Nancy. Là il essaya encore de gagner du temps en disputant sur l’interprétation des articles, peut-être même pensait-il trouver moyen de se jeter du camp royal dans la ville et de s’y défendre; mais Richelieu le faisait surveiller, et il fallut enfin qu’il expédiât au gouverneur un ordre on bonne forme de livrer la ville. Le 24 septembre, la garnison lorraine en sortit, et Louis XlII y fit son entrée le lendemain; il y fut rejoint par la reine Anne d’Autriche Les habitants furent désarmés. Louis XIII, avant de retourner à Paris, fit commencer sous ses yeux de retourner à Paris, fit commencer sous ses yeux de nouvelles fortifications, et établit pour gouverneur de la ville le comte de Frassac avec une garnison de six mille hommes et cinq cents chevaux.
Nous avons raconté plus haut l’abdication de Charles IV, le mariage précipité du cardinal François avec la princesse Claude, l’enlèvement des nouveaux époux par le maréchal de La Force et leur translation à Nancy. Ils parvinrent à s’échapper de cette ville habillés on paysans et portant chacun sur son dos une hotte de fumier. -
C’est du mariage de François et de Claude de Lorraine qu’est sortie la dynastie qui occupe aujourd’hui le trône impérial d’Autriche.
Cependant Nancy devait rester bien des années au pouvoir de la France. Ce fut pendant cette occupation que la ville fut encore une fois ravagée par la peste.
Le traité de Vincennes (1661) rendit Nancy à Charles IV, mais sous la réserve que les fortifications seraient démolies. Ce ne fut qu’en 1663 que le duc rentra dans sa capitale; mais les misères de la guerre se faisaient cruellement sentir à Nancy et dans les environs les terres n’étaient plus cultivées, et les bêtes féroces s’étaient multipliées au point que dans un seul hiver trois cent quinze loups furent tués autour de Nancy. La Lorraine n’était pas au bout de ses souffrances. Dès 1670, Louis XIV, averti que Chartes IV traitait avec les ennemis de la France, fit occuper Nancy par le maréchal de Créqui. La cour souveraine de Lorraine fut supprimée et remplacée par un bailliage royal siégeant à Nancy et relevant du parlement de Metz.
Chaules IV ne devait plus revoir sa capitale il mourut en 1675. L’occupation française continua -jusqu’au traité de Ryswick (1697), qui rendit la Lorraine au duc Léopold. Cependant Léopold eut le chagrin de voir encore une fois une garnison française à Nancy pendant la guerre de la succession d’Espagne. Le duc se retira à Lunéville, qui dès lors partagea l’importance de Nancy comme résidence du souverain. C’est à Léopold que Nancy dut la fondation d’un théâtre et un grand nombre de constructions nouvelles. C’est alors que furent élevés beaucoup de ces hôtels qui donnent encore aujourd’hui à certaines rues de Nancy un cachet de rare distinction. En 1717 furent jetés les fondements d’un nouveau palais dont la face principale donnait sur la carrière.
Après le règne très court de François IV, Stanislas devint duc de Lorraine et fit son entrée solennelle à Nancy le 9 août 1737. Quelles qu’aient été les qualités de Stanislas, on ne peut se défendre d’un profond regret en songeant que plusieurs des plus vénérables monuments de Nancy furent détruits par ses ordres. Mais, tout on regrettant que Nancy ait été dépouillé d’une partie de ses antiques monuments, on doit louer le bon goût des constructions nouvelles ordonnées par Stanislas.
En 1766, Nancy fut réuni à la France. < Au commencement de la Révolution, cette ville fut le théâtre de tristes événements. A la suite du soulèvement du régiment suisse de Châteauvieux, le marquis de Bouillé, connu par son dévouement à la cause royaliste, qui commandait alors dans l’est, accourut à la tête de ses troupes et occupa militairement la ville. La répression fut cruelle vingt-deux soldats suisses furent pendus, un fut roué vif; beaucoup d’autres furent condamnés aux galères.
Le décret du 17 janvier 1790 avait fait de Nancy le chef-lieu du département de la Meurthe.
En 1814, la ville fut occupée par les Russes.
Au début de la guerre franco-allemande, dès le 13 août 1870, elle tomba au pouvoir des troupes ennemies.
Par suite de l’annexion de Strasbourg à l’Allemagne, Nancy a hérité de plusieurs établissements importants dans l’ordre universitaire. Cette ville possède aujourd’hui, pour l’instruction supérieure: une académie universitaire, une Faculté de droit, une Faculté des sciences, une Faculté des lettres, une école de médecine et de pharmacie; pour l’instruction secondaire : un lycée; pour l’instruction primaire: une école normale primaire, une école supérieure, des écoles d’adultes, de dessin, de peinture et de sculpture; à l’hôtel de ville, des écoles élémentaires de garçons et de jeunes filles, des salles d’asile communales ou libres, une institution privée et une école professionnelle.
Nancy possède en outre : l’Académie Stanislas, la Société d’archéologie lorraine, une société de médecine, une société de géographie dite de l’Est, la Société des Amis des arts, des sociétés chorales et philharmoniques; un musée d’histoire naturelle, un musée de peinture et de sculpture, un jardin botanique, etc. On y remarque les casernes Saint-Jean, Sainte-Catherine et la citadelle. Nancy est riche on établissements de bienfaisance; nous nous contenterons de citer: l’asile public d’aliénés de Maréville, la maison de santé de la haute-Malgrange; les hospices Saint-Charles, Saint-Julien et des Orphelins; les maisons de charité de Saint-Epvre, de Saint-Fiacre et de Saint-Matthieu; la colonie agricole et pénitentiaire à Gentilly.
Nancy est la patrie de Jacques Callot; du jésuite Maimbourg, écrivain emphatique, mais honnête homme, qui fut chassé de la compagnie; de Mme de Graffigny; de Palissot; de Hoffmann, le critique; du brave général Drouot, de deux peintres distingués : Isabey et Bellangé; du dessinateur Grandville, de Matthieu de Dombasle; du médecin de la marine Crevaux, massacré en 1882, au cours d’une expédition scientifique, par les Indiens Tobas de l’Amérique du Sud, etc.
Les armes de Nancy sont : coupé - le chef aux pleines armes de Lorraine, la pointe d’argent, à un chardon de sinople.
La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (1/14)
La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (2/14). Carte de la Meurthe-et-Moselle
La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (3/14) . Description physique et géographique
La Lorraine selon V.-A. Malte-brun (4/14). Histoire de la Meurthe-et-Moselle
La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (5/14). Nancy
La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (6/14). Autres villes de Meurthe-et-Moselle (1/3)
La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (7/14). Autres villes de Meurthe-et-Moselle (2/3)
La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (8/14). Autres villes de Meurthe-et-Moselle (3/3)
La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (9/14). Statistiques (1/4) Nancy
La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (10/14). Statistiques (2/4) Briey
La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (11/14). Statistiques (3/4) Lunéville
La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (12/14). Statistiques (4/4) Toul
La Lorraine selon V.-A. Malte-Brun (13/14). Statistiques morales