L'Arménie occidentale. Élisée Reclus (11)
26 Décembre 2011 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Arménie
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L'Arménie occidentale. Élisée Reclus (1)
A l'ouest d'Erzeroum, la route descend en suivant la rive du haut Euphrate Kara sou, dépasse bientôt les thermes d'Ilidja, les plus fréquentés de l'Arménie, puis traverse plusieurs bassins populeux, alternant avec d'étroits défilés; mais elle ne rencontre de ville qu'à la distance d'environ 200 kilomètres, dans une plaine fertile que parcourent plusieurs ruisseaux, tributaires de l'Euphrate. Erzendjan ou Erzingan est une antique cité; avant l'ère chrétienne, Erez était fameuse en Arménie comme sanctuaire de la déesse Anahid (Anaïtis), que les Hellènes confondirent avec Artémis, devenue ensuite la. Diane romaine et enfin la Panagia des chrétiens; l'ancien temple d'Anahid fut transformé en église de la Vierge.
Erzendjan était avant Erzeroum la ville principale de cette région de Haïk, dont les Haïkanes ou Arméniens ont pris le nom, et dans les hautes vallées des alentours se trouvent quelques-unes des « montagnes saintes » les plus vénérées. Lorsque Marco Polo la visita, elle était une grande cité où se fabriquaient « les meilleurs bouquerans du monde », probablement des mousselines. Elle possédait aussi « les meilleurs bains de sources qui existent », bains qui aujourd'hui ne sont plus connus ou plus utilisés, mais il se peut que des commotions du sol les aient déplacés, cette région ayant beaucoup souffert des tremblements de terre; en 1667, une secousse renversa la ville, engloutissant la moitié des habitants. Située à 1366 mètres d'altitude, Erzendjan jouit d'un climat notablement plus doux qu'Erzeroum et les cultures de ses riches campagnes sont déjà celles de la zone tempérée : vergers, vignes, melonnières entourent la cité.
En aval d'Erzendjan, les rochers se rapprochent du lit et l'une des cluses dans lesquelles s'engage l'Euphrate, sans que la route puisse l'y suivre, est formée par des parois presque verticales, hautes de trois à cinq cents mètres. Un des promontoires qui précèdent la cluse porte au sommet et sur ses pentes la vieille cité de Kemakh, qu'entoure une forte muraille continuant les escarpements de la roche : c'est dans cette ville, jadis imprenable par l'escalade, que les rois arméniens du commencement de l'ère actuelle avaient leurs plus beaux temples, leurs trésors, leur prison d'État, leurs tombeaux. Au pied de la colline, des forêts de mûriers, qui longent le fleuve, attirent au printemps des myriades de cailles, dont la venue soudaine passe pour un miracle. Le contraste des jardins verdoyants et de la roche nue donne un aspect saisissant à Kemakh; mais bien plus remarquable encore est Eghin ou Akin, située sur la rive droite de l'Euphrate K ira sou, en aval de la vallée profonde par laquelle débouche le Tchaltatchaï : en cet endroit le fleuve, cessant de couler à l'ouest et au sud-ouest comme pour aller se jeter dans le golfe d'Alexandrette, commence à décrire vers le sud la série de courbes par laquelle il échappe aux montagnes de l'Arménie. Quand on. arrive au-dessus d'Eghin, sur le bord du plateau qui la domine à l'occident, et qu'on regarde la ville au fond d'un abîme de plus de 1000 mètres, elle paraît être entièrement dans la vallée, mais quand on est descendu sur le rivage du fleuve, que traverse un pont de bois, on la voit s'élever en amphithéâtre au milieu de rochers découpés en tours et en aiguilles; des peupliers, des platanes entourent la base des collines; des noyers au vaste branchage, des jardins, remplis de mûriers (lotit le fruit fournit aux habitants une part notable de leur nourriture, recouvrent les talus de débris appuyés sur les blanches parois de la falaise.
Eghin, que de Moltke dit être « ce qu'il a vu en Asie de plus grandiose et de plus beau », est un lieu de retraite pour un grand nombre d'Arméniens qui ont fait fortune à Constantinople ou dans les villes de la plaine : banquiers, négociants, portefaix viennent y jouir de leur fortune bien ou mal acquise ou prendre une retraite chèrement achetée. Dans la vallée tributaire du Tchalta-tchaï, la ville importante est Divrig ou Divrighi, que l'on croit bâtie sur l'emplacement de la Nicopolis ou « Cité de la Victoire », qui rappelait le triomphe de Pompée sur Mithridate1. Le goitre est une infirmité très commune dans cette région des montagnes, surtout à Eghin.
A l'orient d'Erzeroum, la route de Perse franchit un col facile (2090 mètres), élevé seulement de 125 mètres au-dessus de la ville, le Deveh boïnou, — « col du Chameau », — jadis fortifié pour défendre la ville contre les Russes; le seuil sépare le bassin de l'Euphrate et celui de l'Araxe. De ce côté aussi une forteresse, maintenant impuissante contre les Russes, défendait le passage. Hassan-kaleh ou le « château de Hassan » n'est plus qu'un petit groupe de masures, au pied d'une colline où se voient les débris d'un fort, que la tradition unanime, mais erronée, attribue aux Génois2 : les marchands italiens auraient bordé de châteaux la route des caravanes entre Trébizonde et Tabriz. Près de Hassan-kaleh jaillissent des sources thermales, qui sont parmi les plus fréquentées de l'Arménie, si riche en fontaines minérales d'une haute température.
1 Von Moltke, Briefe-über Zustände und Begebenheiten in der Türkei.
2 Brant, Journal of the Geographical Society, 1856 Carl Ritter, Asien, vol. X.
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