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Le blog de François MUNIER

Histoire de la Meurthe-et-Moselle par Adolphe Joanne (4/4). La Lorraine Française

30 Novembre 2021 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Histoire, #Lorraine, #Meurthe-et-Moselle

Il s’accomplit encore en Lorraine, dans les pays soumis à l’administration française, des faits intéressants que nous devons signaler.

Les usages locaux de Toul et du pays toulois furent rédigés en 1762. La ville de Baccarat vit s’établir dans son sein, en 1764, une usine appelée les verreries de Sainte-Anne, qui fut le début des grandes manufactures de verreries et de glaces actuelles si renommées dans le monde entier. En 1768, le château de Lunéville fut converti en casernes où l’on put loger 6,000 chevaux. En 1770, l’ingénieur Meschini construisit à Toul le nouveau pont sur la Moselle. La suppression de l’ordre des Jésuites en France amena, en 1768, la translation de l’Université de Pont-à-Mousson à Nancy. Le roi établit à Pont-à-Mousson une école militaire annexée au collège, pour compenser la perte qu’éprouvait cette ville (1776).

A la mort de Stanislas, la Lorraine fut donc définitivement réunie à la France. Elle avait la même étendue qu’à la fin du seizième siècle, et comprenait le bailliage d’Allemagne, aujourd’hui la Lorraine allemande, comme la Lorraine française. Le département de Meurthe-et-Moselle était compris dans le bailliage présidial de Nancy. Nancy était, vers la fin du dix-huitième siècle, le siège d’une intendance de la généralité de Lorraine et la résidence du commandant général des duchés de Lorraine et de Bar.

Il y avait une cour souveraine de justice, des chambres des comptes et des aides; un hôtel des monnaies et une maîtrise générale des eaux et forêts.

En 1775, eut lieu le démembrement du diocèse de Toul, qui était l’un des plus vastes de l’Europe. Louis XV, voulant donner à Nancy un plus grand éclat, obtint du pape qu’il y serait érigé un évêché, en même temps qu’un second évêché à Saint-Dié. Le diocèse de Toul fut considérablement réduit pour former ces nouveaux diocèses.

La Lorraine ne• perdit pas sans regrets son autonomie; mais elle fut bientôt appelée à jouer un noble rôle dans les destinées de la patrie française pendant et depuis la révolution de 1789, quoique ces premières années d’une ère nouvelle aient été un peu troublées par de malheureux événements comme la révolte, on 1790, du régiment suisse de Châteauvieux et de deux autres régiments à Nancy, contre lesquels le général de Bouillé exerça une répression terrible. C’est dans cette émeute que le jeune Desilles, officier du régiment du roi, mourut percé de balles dans le moment où, se jetant sur les canons, il voulait arrêter l’effusion du sang.

L'affaire de Nancy. Timbre émis par le Vanuatu à l'occasion du bicentenaire de la Révolution française

L'affaire de Nancy. Timbre émis par le Vanuatu à l'occasion du bicentenaire de la Révolution française

Le département de Meurthe-et-Moselle vit, en 1801; signer à Lunéville la paix de ce nom, entre la France et l’Allemagne. Par ce traité, la rive gauche du Rhin fut cédée à la France. Ses volontaires prirent une part glorieuse aux grandes guerres de l’Empire, et plusieurs généraux distingués, tels que Drouot, Pouget, Gouvion Saint-Cyr, sont originaires du pays.

En 1814, les Alliés envahirent le département. Toul résista bravement et obtint une capitulation honorable. En 1815, cette ville échappa à l’humiliation d’être envahie. Mais Lunéville et Nancy durent recevoir l’ennemi. Napoléon, rentrant en France, au retour de l’île d’Elbe, rappela dans une proclamation célèbre la résistance patriotique des paysans Lorrains contre les envahisseurs.

La Restauration créa à Nancy une école forestière, la seule de ce genre qui existe en France. Chartes X, en visitant l’Est, séjourna à Lunéville, où il inspecta le vaste champ de manœuvres. L’école normale du département fut transférée de Toul à Nancy en1831.

Depuis cinquante ans, le département a vu son industrie se développer et son agriculture prospérer. L’ouverture du canal de la Marne au Rhin en 1855 et l’établissement des chemins de fer créèrent de nombreuses voies pour l’écoulement des produits agricoles et manufacturés. C’est dans cet état de prospérité que la funeste guerre de 1870 surprit le pays.

Source Gallica.bnf.fr. Le nord est à droite. Plan de Nancy en 1857
Source Gallica.bnf.fr. Le nord est à droite. Plan de Nancy en 1857

Source Gallica.bnf.fr. Le nord est à droite. Plan de Nancy en 1857

Après les combats de Wœrth et de Forbach, l’armée allemande, commandée par le prince royal de Prusse, fut dirigée sur Nancy par le chemin de fer de Strasbourg. Le 12 août, des détachements de cavalerie occupèrent Nancy sans résistance. Bientôt après, le prince avait son quartier général à Lunéville, le 15 août, et le 16 à Nancy. Le gros de l’armée du prince Frédéric-Charles était alors à Pont-à-Mousson, qui devint un centre de réunion de troupes allemandes cantonnées dans la contrée, à Thiaucourt, à Dieulouard, etc., avant la bataille de Rezonville. Tout le pays était couvert de troupes prussiennes, qui le sillonnèrent en tous sens pendant les trois premières batailles devant Metz, du 14 au 18 août. Mars-la-Tour fut le théâtre d’une de ces grandes luttes où notre armée fut arrêtée par des forces décuples. On y a érigé un monument en l’honneur des dix mille braves qui sont tombés pour la patrie à Mars-la-Tour, Rezonville, Vionville, Gravelotte et Saint-Privat. Toul, ville forte, fut assiégée par le grand-duc de Mecklembourg, qui couvrait les derrières de l’armée d’invasion sur Paris. Il y avait deux mille hommes dans la place et 192 bouches à feu. La ville fut bombardée à plusieurs reprises du haut du mont Saint-Michel et du mont Barine. Après une courageuse résistance et 12 jours de siège, le feu prenant de tous côtés, le commandant capitula (23 septembre). L’Assemblée nationale décréta que Toul avait bien mérité de la patrie pour sa belle défense. Longwy résista aussi vaillamment aux Allemands ; mais, après un long investissement et un bombardement de plusieurs jours, qui mit le feu à la moitié de la ville, il capitula pour éviter une destruction complète..

Le département fut lourdement chargé de réquisitions de toute nature, et foulé par des passages innombrables de troupes ennemies. C’est à la suite de cette cruelle guerre qu’il perdit les deux arrondissements de Château-Salins et de Sarrebourg. Les écrivains allemands qui ont poussé à l’annexion ont prétendu que les pays réclamés par eux avaient été enlevés autrefois à l’Allemagne injustement, tandis qu’ils avaient été réunis à la France en vertu de traités publics, réguliers. D’ailleurs, l’adhésion spontanée des Lorrains aux grandes institutions françaises de 1789, et leur patriotisme pendant toutes les guerres de la République et de l’Empire prouvent bien que l’union avait été ratifiée par le peuple lui-même et n’était pas le résultat de la contrainte.

A la suite de la perte de la plus grande partie du département de la Moselle, l’arrondissement de Briey fut réuni au département mutilé de la Meurthe.

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