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Le blog de François MUNIER

Historicité de Jésus : pourquoi remettre une pièce dans la machine ?

22 Juillet 2025 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Histoire, #Religions, #Antiquité

Je croyais le débat clos depuis longtemps et que seuls des auteurs de dixième zone à la recherche d’une notoriété facile pouvaient encore le relancer. J’avais tort.

Pour faire simple, il y avait trois démarches :

- les chrétiens s’appuyaient sur leurs livres saints pour expliquer que tout cela était vrai : récits, paroles, miracles.

- les « mythistes », qui expliquaient que le récit chrétien était une forgerie, et que Jésus n’avait pas plus d’existence historique que les héros de l’Iliade ou Lech, Čech et Rus, ancêtres des peuples slaves.

- les historiens, qui essayaient de connaître les circonstances de la rédaction des premiers écrits chrétiens et traquaient les sources non chrétiennes.

Selon le consensus général parmi ces derniers :

Les écrits du « Nouveau Testament » ont été rédigés au premier siècle de notre ère, les plus anciens étant les épîtres de Paul (vers 50-65) et le plus récent l’Apocalypse de Jean (vers 100).

Il existe aussi d’autres récits, souvent plus récents, non reconnus par les Églises chrétiennes, comme les Évangiles apocryphes.

D’autres textes, peu suspects de sympathie, parlent des premiers Chrétiens et de Jésus.

Les textes juifs les plus anciens, dont le Talmud, sont très critiques, mais aucun ne remet en cause son existence historique.

En 112 de notre ère, Pline le Jeune1 écrit à l’empereur Trajan pour lui faire part des soucis que lui créent les chrétiens, dont la religion est en pleine expansion, malgré la répression.

A la même époque, Suétone écrit que l’empereur Claude, en 42, fit expulser de Rome les Juifs, « qu’un certain Chrestos soulevait sans cesse ».

Après l’incendie de Rome, en 64, Néron désigna les chrétiens comme responsables et en fit exécuter plusieurs. Récit de Tacite vers 115.

Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non-seulement dans la Judée, où elle avait sa source, mais dans Rome même, où tout ce que le monde enferme d'infamies et d'horreurs afflue et trouve des partisans. On saisit d'abord ceux qui avouaient leur secte ; et, sur leurs révélations, une infinité d'autres, qui furent bien moins convaincus d'incendie que de haine pour le genre humain2.

Les copistes chrétiens du Moyen-Âge ont « arrangé » le récit3 de Flavius Josèphe (37-38, ca 100), une fois expurgé de ces rajouts, il reste trois informations :

- l’exécution de Jésus sous Ponce Pilate ;

- présentation de Jean le Baptiste

- mention de « Jacques, frère de Jésus dit le Christ4 ».

Les sources sont rares, mais cela s’explique parfaitement, car pour les auteurs romains, le christianisme n’est qu’une superstition venue de Judée et qui ne mérite d’attention que dans la mesure où elle trouble l’ordre public5.

Le consensus historique est donc le suivant :

- il y eut un prédicateur juif nommé Jésus, mis à mort par les Romains

- ses disciples le présentèrent comme le Messie d’Israël et créent une nouvelle religion, qui se sépara du judaïsme et connut un essor rapide.

Les thèses mythistes6 n’apparurent qu’au XVIIIème siècle. Avant cette date, aucun adversaire du christianisme ne dit aux Chrétiens : « Votre Jésus n’a jamais existé, c’est une invention. ». Alors qu’il y a d’autres thèses : c’est un plagiaire, un illusionniste, un fis de p.., un juif pieux dont l’enseignement a été travesti.

Sur le principe des explications mythistes, il y a un petit bijou : En 1835, un ancien magistrat, J.B. Pérès, explique que Napoléon Bonaparte n’a jamais existé7. Il reprend tous les schémas explicatifs des mythistes.

Pourquoi parler maintenant de cette théorie sur Jésus, qui ne mérite pas plus d’attention que les thèses plattistes ?

Attention, je ne nie pas la nécessité et l’intérêt de la recherche historique sur la vie de Jésus et la naissance du christianisme, comme l’on fait Jérôme Prieur et Gérard Mordillat8. On peut ne pas être d’accord, mais force est de reconnaître qu’il y a là un travail sérieux, avec des spécialistes.

Je parle des « Monsieur je sais tout » qui cherchent à se mettre en valeur.

Le plus connu est Michel Onfray à qui on doit des avis péremptoires sur Jésus, Charlotte Corday et Marat, Guy Môquet, Freud, le nazisme, la mécanique quantique. A chaque fois, des gens qui connaissent le sujet mieux que lui expliquent qu’il n’a rien compris ou qu’il travestit les faits, mais ces critiques ne l’empêchent pas d’avoir pignon sur rue.

4 Cette mention, contraire au dogme chrétien, ne peut être un rajout d’un copiste zélé.

Historicité de Jésus : pourquoi remettre une pièce dans la machine ?

Il a maintenant un émule : le zététicien Acermendax qui donne la parole à Nicolas Bourgeois, auteur d’un pavé paru en 2008 : « Une invention nommée Jésus ».

Je ne suis pas un partisan des prés carrés universitaires et je n’hésite pas pour ma part à donner mon avis sur certains sujets historiques ou religieux, mais un débat sur l’historicité de Jésus entre un professeur de mathématiques et un docteur en physiologie végétale me laisse dubitatif.

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