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Le blog de François MUNIER

Journal de route du 2e Bataillon du 79e R.l.F. du 13 au 25 juin 1940 (3/3)

26 Février 2025 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Histoire, #Histoire du 79ème RI, #Bas-Rhin, #Guerre 1939-1945, #Alsace, #Grand Est

Les bulletins de 1986 et 1987 du « Clocheton » publient le « journal de marche » du bataillon resté sur place. Le texte n’est pas signé, je suppose qu’il a été rédigé par un des membres de l’état-major du régiment.

J’ai eu la surprise d’en trouver une version en castillan sur ce site :

https://www.forosegundaguerra.com/viewtopic.php?f=4&t=12665&start=135

J’ai inséré des notes en bas de page pour expliquer certaines abréviations, préciser des lieux et indiquer les évènements sur d’autres théâtres d’opération.

Journal de route du 2e Bataillon du 79e R.l.F. du 13 au 25 juin 1940 (3/3)

21 Juin1

Les dernières heures du jour sont calmes. Vers 4 heures un message du commandant Henry demande au capitaine Quinet de prendre liaison avec une compagnie de chasseurs qui doit rejoindre la position, une section du génie qui assure la défense de Rittershoffen et une section de 1/79° placée au S.E. de Leiterswiller. La liaison est prise aussitôt avec ces deux dernières unités, mais les chasseurs n'ont jamais été vus. Vers 9 heures une nouvelle vague d'avions s'acharne sur les casemates d'Aschbach. Ils lancent une cinquantaine de bombes qui ne réussissent pas à anéantir les casemates. Une dernière bombe de gros calibre fait ricochet sur la casemate d'Aschbach Est et explose en dehors de l’enceinte sans causer le moindre dégât. L'action de l'artillerie se révèle particulièrement violente dans tout le quartier, obus fumigènes sur les casemates et incendiaires sur le village d'Oberroedern. Le P.A. 4 (aspirant Rolland) un moment menacé par l'incendie est épargné. Il n'y a pas de nouvelles infiltrations à signaler dans le quartier.

A Rittershoffen la situation s'aggrave. Les agents de liaison envoyés par le capitaine Quinet au commandant Henry ne reviennent pas. Repérée, la tranchée où est installé le P.C. du quartier est l'objet d'un tir d'artillerie. Sans nouvelles de ce qui se passe exactement à Leiterswiller et à Oberroedern le lieutenant lmbona part avec une patrouille de 8 hommes. Pour éviter les vues du clocher de Stundwiller il contourne la cote 178 et descend sur Leiterswiller. Pris dans une embuscade, là où il était en droit de compter sur la présence des chasseurs, il se dégage difficilement et vient en hâte mettre le capitaine Quinet au courant de la situation. L'ennemi occupe Leiterswiller, la section du 1/79° qui en tenait les lisières n'est plus à son poste. Pris sur le flanc et par derrière, le P.C. s'installe face à l'Ouest dans les vergers à l'Ouest de Rittershoffen. Son armement très réduit (1 F.M., 150 cartouches, quelques armes individuelles et une vingtaine de grenades) ne lui permet pas une résistance prolongée. La liaison est prise avec l'unité du génie qui doit défendre Rittershofen mais peu de temps après, cette unité s'en va... (cette unité s'est rendue avec armes et munitions).

Les détachements allemands encerclent le P.C., le sergent- chef Guyonneau est envoyé en hâte au P.A. le plus proche du 23e R.l.F. Par téléphone il rend compte au commandant Henry de la situation. A son retour il transmet au capitaine Quinet l'ordre de se replier avec son personnel sur l'abri de Hatten pour y installer son P.C. Malgré un tir d'artillerie ennemi le capitaine Quinet commence son repli. En passant aux lisières N.E. du village il essuie un tir d'armes automatiques du clocher. Le repli s'effectue néanmoins sans incident. Le capitaine Quinet, le lieutenant lmbona et leur personnel reçoivent un excellent accueil à leur arrivée à l'abri de Hatten. A partir de ce moment les liaisons sont de nouveau rétablies entre le quartier et le P.C. du sous-secteur.

1 Début des pourparlers d’armistice à Rethondes.

22 Juin1

Matinée calme, de 16 à 17 heures la casemate d'Aschbach et celle d'Oberroedern Nord sont prises à partie par l'artillerie de gros calibre tirant du Sud. Le béton est entamé. La porte de la casemate d'Aschbach Ouest est bloquée. La casemate d'Oberroedern Sud est bombardée par obusiers.

23 Juin

Dans la nuit vers 2 h 20 l'ennemi s'infiltre vers l'abri de Hatten et déloge le P.C. dit « de la voie ferrée » tenu par le 23° R.I.F. A 3 heures le personnel du P.C. sous les ordres du lieutenant Mougin effectue une patrouille. A son retour à 7 heures le lieutenant Mougin signale que les éléments ennemis se sont repliés sur Rittershoffen.

Entre temps la section de la « voie ferrée » a réoccupé son emplacement. En raison de la fatigue des hommes elle est relevée à 8 heures par des hommes du 79e sous les ordres du lieutenant Mougin.

Dans la journée R.A.S. Nuit calme.

24 Juin2

Matinée calme. Dans l'après-midi 1 F.M. (adjudant Hausberger) échange plusieurs rafales avec un groupe ennemi se trouvant dans les vergers de Rittershoffen.

A partir de 14 heures l'artillerie de gros calibre effectue un tir sur les casemates d'Aschbach et d'Oberroedern.

Les casemates continuent à tirer dès que l'ennemi fait son apparition. Dans la nuit R.A.S.

1 Signature de l’armistice qui entre en vigueur le 25 à 0 h 35

2 Signature de l’armistice franco-italien

S.H.F. - Q.G. le 21 juin 1940 Ordre général n° 32

Les troupes du S.H.F. inscrivent en ce moment dans les annales de l'histoire une épopée dont le souvenir ne s'effacera pas. Le lieutenant-colonel commandant le secteur ressent une immense fierté de commander de telles troupes. Il leur redit son affection et son admiration pour leur héroïsme. Quand on parlera plus tard de leur magnifique résistance, chacun des défenseurs du secteur pourra dire avec un légitime orgueil : " J'en étais". Hier l'ennemi a violemment attaqué nos positions du secteur de Hoffen, il a échoué.

Plus que jamais il faut tenir et croire avec une foi de plus en plus ardente en les destinées de la Patrie meurtrie. Vive la France.

Signé: SCHWARTZ

S.H.F. - Ordre général n° 35

Le secteur attaqué par I' Est et par l'Ouest n'a pas été percé. Que chacun continue à tenir et ils ne passeront pas.

Signé : SCHWARTZ

S.H.F. - Q.G. le 25 juin 1940 Ordre général n° 46

Malgré les puissants moyens mis en œuvre par l'adversaire vous n'avez pas laissé percer le ligne fortifiée.

Grâce à votre ténacité et à votre capacité manœuvrière vous avez gardé votre cohésion, l'ennemi n'est pas passé.

Vous vous êtes couverts d'une gloire impérissable et vous vous êtes imposés à l'adversaire avec admiration.

Dans les jours d'épreuves qui nous attendent, il faut que par votre discipline et votre confiance, dans la destinée de notre chère Patrie, vous restiez un vivant exemple de résolution invaincue. Vive la France.

Signé : SCHWARTZ

S.H.F - Q.G. le 27 juin 1940 Ordre général n° 54

Le lieutenant-colonel commandant le secteur fortifié porte à la connaissance des troupes du secteur la conduite héroïque des défenseurs du bloc de Trimbach et des points d'appuis voisins conduite qui a soulevé l'admiration des assaillants.

D'après les officiers allemands, les survivants ont tenu jusqu'à épuisement de leurs munitions.

Interrogés par l'ennemi sur les raisons de cette résistance ils ont simplement répondu: Nous avons la consigne de tenir jusqu'au bout

Conduite sublime qui mérite dès maintenant d’être immortalisée par le ciseau du sculpteur. Soldat de France, partout où tu as tenu ainsi, ton sacrifice aura été l'étincelle d'où jaillira la reconnaissance de la Patrie. Ici ce sacrifice nous a permis de rester maîtres du champ de bataille. Tu as droit au respect du monde et de la postérité.

Signé : SCHWARTZ

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