Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de François MUNIER

Dictionnaire de Michel : les ducs de Lorraine de René II à François Ier (1473-1545)

10 Novembre 2024 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Lorraine, #Histoire, #1492-1789

Au début de son dictionnaire des communes de la Meurthe, Michel publie un abrégé des l'histoire de la Lorraine avec la liste de ses ducs, que je reproduis ici. J'ai ajouté des illustrations : Wikipedia, Gallica, photos personnelles, reproductions de timbres-poste.

J'ai respecté l'orthographe autant que possible. J'ai toutefois adopté des règles actuelles d'écriture des nombres, en remplaçant par exemple 123,456 par 123 456.

Les notes hors-texte sont de moi.

La présentation des ducs à partir de René me semble plus sujette à caution que celle des ducs du Moyen-Âge (ou je connais mieux cette période)

J'ai ajouté en dessous du nom de chaque duc les dates de naissance, accession au duché et décès.

 

TROISIÈME PARTIE.

Branche de Lorraine-Vaudémont, depuis 1473 jusqu'à l’avènement au trône de Stanislas, 1737.
RENÉ II1
1451-1473-1508

est reconnu duc de Lorraine en 1473 à la mort de Nicolas2, décédé sans postérité. Ses revers, ses succès et les maux effroyables qui désolèrent la province sous son règne, le rendent à jamais célèbre dans l’histoire de Lorraine. Né avec toutes les vertus qui caractérisent le héros, il fit beaucoup pour sa gloire, fit plus pour son peuple, et tout pour un allié perfide, pour un prince le plus artificieux de son siècle.

Cependant, René vit se briser devant sa constance et son courage la plus redoutable puissance de l'Europe, celle de Charles-le-Téméraire, qui, après avoir porté le fer et la flamme dans toute la Lorraine, avoir mis le comble à la misère du peuple, vint terminer sa carrière présomptueuse sous les murs de Nancy, dans une bataille des plus mémorables, où les Suisses secondèrent puissamment les efforts de René, et où presque toute l’armée ennemie périt (1) ; c'est dans un siège à jamais mémorable, qu’éclatèrent la générosité et le dévouement des Lorrains, et toutes les grandes actions que peuvent engendrer une fidélité héroïque et l’amour de son pays.

(1) Ce fut le 5 janvier 14773, que la bataille se donna; les assiégés avaient été informés dès la veille de l’arrivée de René, par un fanal allumé sur les tours de St.- Nicolas. Le duc de Bourgogne était placé un centre de son armée, où est aujourd’hui Bonsecours, sa droite du côté de la Malgrange, et sa gauche appuyée sur la rivière de la Meurthe. L'avant-garde de René, composée de 7 000 hommes d’infanterie et de 2 000 chevaux, s’avança derrière le bois de Jarville, et pris les ennemis en flanc, en même temps qu'un second corps, de Suisses et d’Allemands, disposé comme le premier, attaquait l’aile gauche. René fut conjuré par ses capitaines de ne point exposer sa tête, si chère à la Lorraine : J’étais disposé, leur dit-il, à suivre vos conseils, mais je n'attendais pas celui-là ; et il commença la marche : l'armée bourguignonne ne put résister au choc impétueux des Lorrains, des Suisses et de la garnison de Nancy qui prit part à l'action; les Bourguignons épouvantés, fuirent, et le carnage fut terrible. Charles-le-Téméraire fondit à plusieurs reprises et en désespéré au plus fort de l’action, où il fit des prodiges de valeur; mais entraîné par les fuyards, il termina sa carrière dam les marais de l’étang St.-Jean. Les bourgeois reçurent René avec des marques de joie inexprimables. Ils avaient dressé sur son passage un tas d'ossements des animaux qu’ils avaient dévorés pendant le siège : c’était le trophée de la fidélité et du courage, et une preuve parfaite de l’affreuse extrémité où ils avaient été réduits.

Tant de valeur, de constance et d’attachement ne furent point payés d’ingratitude ; en 1505, où une peste horrible vint succéder à la famine la plus affreuse qu'on pût citer (1). René se montrant en cette occasion le père de son peuple, répandit ses trésors ; il consola les restes malheureux de ses sujets en ôtant les impôts, et en les soulageant par tous les moyens qui étaient en son pouvoir. Il eut la douce consolation de voir se reproduire l’industrie et renaître la nature : on chercha dans les forêts les ressources que les champs incultes ne fournissaient plus; et alors, pour une des premières fois, on vit descendre des Vosges ces radeaux de planches de sapin, que depuis l’on conduisit plus loin.

René est l’auteur4 de la loi salique5 en Lorraine, pour la succession masculine collatérale à l’exclusion des femmes; il avait eu de grands revers, dit Bexon, il avait eu un plus grand courage : fier contre l’ennemi, âpre et terrible dans le combat, hors de là, doux et humain (2), pardonnant, oubliant les injures, magnifique et sobre, pieux et éclairé; ce prince, le premier Titus de la Lorraine, dans lequel la religion mettait la comble à des vertus héroïques, mourut en 1508, à l’âge de 576.

(1) Près du tiers des habitans périt. C’est à cette époque que René entreprit l’édification d'un palais, le plus magnifique d'alors ;il n'en tente plus aucun vestige.

(2) Quelque historien rapporte qu'il souilla la victoire remportée sur les Ferrarois7, en faisant mourir ses prisonniers, 1482 ; conciliez cette conduite, qui me parait invraisemblable, avec le réponse que ce prince fit à un officier qui lui demandait s’il fallait livrer aux flammes un village dont on venait de se rendre maître : Capitaine, quand maux voudra faire, enquerre conseil de moi, et pas n’en fera.

1473, 19 février. Naissance du célèbre astronome Copernic8, polonais d'origine.

14929. Prise de Grenade, qui mit fin à la domination des Maures en Espagne; elle y avait duré 800 ans. Christophe Colomb découvre le nouveau Monde, que la postérité ingrate a nommé Amérique, du nom d'Americ Vespuce10; florentin.

1496. Découverte de la plante du tabac à St.-Domingue, par Pano, ermite espagnol : elle ne fut regardée comme une plante usuelle et de pur agrément qu'en 1609.

2 Après que sa mère, Yolande d’Anjou, fille de Nicolas, ait abdiqué en sa faveur !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Yolande_d%27Anjou

3 https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Nancy_(1477)

Dans les faits, René II avait d’abord passé un accord avec le duc de Bourgogne, mais il se ravisa ensuite. C’est grâce à des mercenaires suisses, payés avec l’argent du roi de France Louis XI, qu’il gagna la bataille.

https://francoismunier.name/2023/11/1477-la-bataille-de-nancy.mythes-et-realites.html

4 « Testament » de René II, opportunément retrouvé pour écarter de la succession les filles du duc Henri II, mort en 1624. D’autant plus surprenant que René II tenait le duché de Lorraine de sa mère.

6 Par testament, René II avait légué à son fils cadet Claude le duché de Guise et ses possessions situées dans le royaume de France. Les ducs de Guise furent des ardents défenseurs de la foi catholique.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_seigneurs_de_la_terre_de_Guise#Ducs_de_Guise_(1528-1789)

Louis XI, Charles le Téméraire et la bataille de Nancy
Louis XI, Charles le Téméraire et la bataille de Nancy

Louis XI, Charles le Téméraire et la bataille de Nancy

Nicolas Copernic
Nicolas Copernic

Nicolas Copernic

Dictionnaire de Michel : les ducs de Lorraine de René II à François Ier (1473-1545)
Ducs de Guise

Ducs de Guise

ANTOINE1
1489-1508-1544

succède au duc René II, son père, 1508. En ce Prince, la prudence et la sagesse avaient prévenu l’âge; il confirme les privilèges des villes de ses états, conserve la Lorraine tranquille au milieu des chocs redoutables dont se frappent la France et l'Empire, et la préserve des forces luthériennes, prêtes à fondre sur la contrée, en allant les vaincre en Alsace.

Son retour fut un triomphe ; et là, comme à la fameuse bataille de Marignan, on lui prodigua l’expression sacrée de courage et d’honneur de brave et franc chevalier, dont le qualifia François Ier. Son règne fleurit dans une longue tranquillité; on n'entendit de cris que ceux qu’élevaient des voix reconnaissantes, à l'honneur du père de la patrie; les puissances voisines le regardaient comme le génie de la paix, n'ayant pas peu contribué à celle qui se fit à Nice, pour le bonheur de l'Europe, 15372. Ce fut alors qu'Antoine fut salué du surnom de Bon: bien différent de ces titres qu’invente la flatterie, que répète la bassesse, mais que l’histoire efface. Enfin, ce prince magnanime, qui ne souffrit jamais qu'on sortit mécontent d’auprès de lui, qui répétait souvent à son fils cette belle maxime de Blanche de Castille : j’aimerais mieux vous voir mort que coupable d'un seul péché mortel; ce prince, l’amour de tout un peuple, qui fut le premier à prendre les armes pour la religion de ses pères, mourut le 14 juin 1544, recommandant à ses enfans la religion, la justice et la paix; vertus desquelles sa vie servait d’exemple : la Lorraine compta longtemps ses jours parmi les plus heureux qu'elle ait vus (1).

(1) Je dis compta, car on semble avoir perdu jusqu’au souvenir de ce prince ; pas une croix, pas une pierre, pas un nom ne retrace ses vertus !

La température fut extraordinaire quatre ans avant la mort d’Antoine ; la chaleur et la sécheresse étaient prodigieuse : il resta si peu d’eau dans la Moselle à Metz, qu’elle devint verte et putride. L’abbé Bexon a exprimé le juste regret qu'on n'eut pas été toujours soigneux de rapporter les grandes observations météorologiques ; elles ont une si grande influence sur l’état de la société et sur les opinions ! Les premières datent du 16e siècle ; Durival nous en a conservé depuis 1771 jusqu’à la fin de 1795. M. l'abbé Vautin s’est appliqué, avec un zèle bien louable, à les rapporter depuis 1782 jusqu’à ce jour. Cette connaissance, comme l’a judicieusement dit l’historien que je cite, est une des plus importantes qu'on pût ajouter à la somme des puissances de l’homme sur la nature.

Un fait, arrivé en 1545, qui peut faire juger de la bonne foi et de l’esprit du temps : Les habitans de Metz, quoiqu’en paix avec Antoine, s’avisèrent, sans déclaration préalable, de faire une incursion dans les états de ce prince. Ils prirent les armes, au nombre de 1190 et vinrent mettre le siège devant un fort qui n'était défendu que par 15 paysans, commandés par le capitaine Volsest. Ce brave homme ne se laisse intimider, ni par le nombre des assaillants, ni par le feu de leur artillerie, composée de deux bombardes, et toutes les sommations qui lui furent faites de se rendre, ne purent ébranler sa résolution. Depuis trois jours, les Messins continuaient vivement, mais infructueusement leur attaque. Un temps superbe leur avait d’abord fait regarder cette expédition comme une partie de plaisir, mais le samedi, de temps devint effroyable. Ces bons bourgeois, redoutant la pluie, accoutumés d’ailleurs, à passer le dimanche au milieu de leur familles, abandonnant. leurs retranchements, comptant venir les occuper de nouveau le lundi suivant; mais pour s’épargner l'embarras du transport, ils laissent leurs bombardes sous les murs de la forteresse, sans autre garde que la bonne foi publique. Le capitaine Volsest ne voyant plus l’ennemi, se hasarde à sortir, trouve les bombardes et n’hésite pas à les faire conduire au château. Le lundi, de grand matin, les Messins reviennent pleins d’une nouvelle ardeur ; mais quelle est leur surprise en trouvant leur batterie dégarnie ! une rumeur accusatrice s’élève dans l’armée : de toutes parts on s’indigne, on murmure contre la félonie des Lorrains; des dépêches sont expédiées à la magistrature, elle accourt, et l’on dresse, en grande solennité, procès-verbal, comme quoi les Lorrains sont déclarés trompeurs, pour avoir, en trahison, mal-à-propos, furtivement et contre les lois, enlevé des armes qui n’étaient pas défendues. Après avoir assuré par cette protestation le maintien des principes, les assiégeans firent venir une nouvelle artillerie. L’attaque dura huit jours, et la garnison fut enfin forcée de rendre la place ; mais la capitulation fut glorieuse, et les quinze paysans sortirent avec les honneurs de la guerre.

C'est vers cette époque que cessa l’assujettissement des gens de Laxou : on sait qu’avant que Christine de Danemark, mère et régente des états de Charles III, eût fait construire la carrière, il y avait devant le palais, que l’on appelait la cour,. une grande mare où les habitans de Laxou étaient obligés de venir battre l’eau la première nuit des noces de nos princes. Renée de Bourbon, épouse du duc Antoine, touchée de la bonne réception que lui avaient faite faite les femmes et les filles de ce village, les exempta de cette servitude3.

1515. Cinq cents Suisses écrasent au pas de Morgat, l’armée d'Autriche forte de vingt mille hommes.4

1521. L’hérésie de Luther5 apparaît, le fanatisme de la religion s’unit à celui de la liberté; vingt peuples se révoltent, l’anarchie est universelle, excepté en Lorraine : 40 000 Luthériens périrent près de Saverne et de Schelestadt6. -- Des navigateurs découvrent en Asie, en Afrique et en Amérique des régions immenses, dont la possession fut une source prodigieuse de richesses.

1530. Les chevaliers de St.-Jean de Jérusalem7, prennent possession de l’île de Malthe, que leur avait cédée Charles-Quint.

4 Énorme erreur de Michel, la bataille de Morgarten a eu lieu en 1315 !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Morgarten

5 Martin Luther publie ses thèses en 1517 et est excommunié en 1521. https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Luther

6 Les révoltes paysannes en Allemagne se basent sur une lecture sociale et révolutionnaire de l’Évangile, mais elles sont très vite condamnée par Luther. Il est abusif de parler de luthériens pour les « Rustauds ».

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_paysans_en_Alsace_et_en_Lorraine

Martin Luther

Martin Luther

Timbres de la RDA en l'honneur de la guerre des paysans et de Thomas Müntzer
Timbres de la RDA en l'honneur de la guerre des paysans et de Thomas Müntzer
Timbres de la RDA en l'honneur de la guerre des paysans et de Thomas Müntzer

Timbres de la RDA en l'honneur de la guerre des paysans et de Thomas Müntzer

FRANÇOIS Ier1
1517-1544-1545

succède au duc Antoine en juin 1544, ce prince ne monte sur le trône de son père, que pour en montrer le néant. Il est frappé d'appolexie, tout en suivant les traces et les instructions du bon duc Antoine, et sa mort prématurée, 12 juin 1545, frustra les espérances qu’avaient fait concevoir ses vertus et celles de son auguste père. Il laissa la réputation de prince équitable et modéré, d’ami des arts et de la paix.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article