Ouvrages anciens sur Nancy (1/). Dictionnaire de Grosse (1/). Quand Nancy chassait son évèque.
Bibliothèque publique de New-York, numérisé et mis en ligne par Google.
Qui est l'auteur ?
Les mémoires de l’Académie de Stanislas nous apprennent que l’auteur, anonyme « M.E.G », est Nicolas-Étienne Grosse, né à Sarrebourg le 26 décembre 1805 et prêtre du diocèse de Nancy. La Bibliothèque diocésaine de Nancy apporte des précisions complémentaires : révoqué en novembre 1854, sans indiquer le motif.
Son chapitre sur l'administration religieuse m'a fait connaître un épisode oublié de la vie religieuse nancéienne.
NANCY, chef-lieu du département de, la Meurthe , et ancienne capitale de la Lorraine, une des plus belles villes de l'Europe, et une des plus importantes de la France , est située dans une plaine riche , agréable et fertile, sur la rive gauche de la Meurthe, et entre plu- sieurs côtes fort élevées , dont la plupart sont couronnées de forêts. Elle se trouve à 410 kil. ( 82 lieues ) à l’E. de- Paris, 3° 5o' 16" de longitude du méridien de cette ville,et au 48° 42 de latitude équatoriale; sa dis- tance de Metz est de 50 kil., et celle de Strasbourg 165 kil. (33 lieues). Popul. officielle: 29897 indiv. , mais la popul. réelle est de 34378,dont 1144 élect.1 comm;, 27 cons. munic., 229 élect., la plupart éligibles au collège politique, dont Nancy est le siège, et qui se nomme intra-muros; un autre collège électoral composé des électeurs de l'arrondissement, tient également ses sessions dans la même ville, sous la dénomination d'extra-muros.2
Le nombre des feux s’élève à 9637, et à 4279 habitations. Surface territoriale : 1300 hect., dont 183 en terres arab., 551 en forêts, 134 en prés , 256 en jardins, vergers et en vignes , qui ont assez de réputation, surtout celles qui avoisinent Boudonville; les constructions comprennent un espace de 163 hect3. Mesures agraires: : l’arpent ou le jour équivaut à 10 hommées ou 250 toises de Lorraine, (20 ares 44 cent.) il en est de même de la fauchée; dans les forêts royales l’arpent d’ordonnance est de 100 toises carrées de 22 pieds ou 51 ares. Mesures linéaires : la toise de Lorraine est de 10 pieds 10 pouces 10 lignes; l’aune de Lorraine 64 centimètres et l’aune de Paris 1 mètre 188 millimètres. Mesures cubiques : la corde de bois forme un parallélépipède de 8 pieds de couche; la bûche a 4 pieds de longueur et le tout 4 pieds de hauteur; cela équivaut à 32 pieds.carrés de Lorraine ou 2 stères 99 centistères. Mesures de contenance: : le resal d'avoine comble, 1 hectolitre 80 litres; le resal de blé, 4 bichets ou 1 hectolit. 17 litres 1 quart; le resal d’orge, 1 hectolitre 80 litres. Pour les liquides., la mesure est de 18 pots ou 44 litres. Pour les pesanteurs : la livre a seize onces dans toute la Lorraine ou 489 grammes 50 décigrammes. Nous mentionnons ces mesures parce que nous y renvoyons souvent en décrivent les communes du département.
Les sites enchanteurs qui entourent Nancy ont été vantés dans divers ouvrages et sont encore loués par tous les voyageurs; un grand nombre de charmantes maisons de campagne, de châteaux, de parcs et d’habitations isolées sont parsemée dans la plaine et sur le flanc des collines et embellissent le paysage; c’est un des coupe d'œil les plus délicieux de la Lorraine. Nous citerons , en particulier, les agréables résidences d'Auxonne, de Montaigu, de Nabécor, de Turique, de Bellevue, de la Garenne, de Beauregard, de Monbois, de la Villette, de Château-Grignon,4 de Ste.-Marie, de la Côte, de St.-Charles, de Butgnémont, de Préville, et une foule d'autres, dont on peut voir la description dans les pages de ce livre.
1 Le scrutin est censitaire. Il fallait payer 200 F d’impôt pour être électeur et 500 F pour être éligible.
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3 Soit 13 % de la surface totale !
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NANCY MODERNE.
Organisation Judiciaire. La ville de Nancy est le siège d'une cour royale dont la juridiction s'étend sur les départements de la Meurthe, de la Meuse et des Vosges; cette cour, une des plus distinguées du royaume, est composée d'une chambre civile, d'une chambre d'accusation et d'une chambre d'appel de police correctionnelle. La cour d'assises tient, à Nancy, quatre sessions annuelles, pour le jugement des affaires criminelles et politiques. Un tribunal de première instance, avec deux chambres siègent également à Nancy, pour la décision des causes de l'arrondissement : la première chambre a ses audiences le mardi (affaires sommaires), le mercredi (affaires ordinaires), lundi et jeudi (adjudications). La deuxième chambre tient audience le lundi (affaires forestières), le vendredi (affaires correctionnelles), et le samedi (affaires civiles). Le tribunal de commerce, pour le département, est établi à Nancy : il donne une audience chaque semaine, le mercredi; et à l'époque des vacances, il n'y a qu’une audience tous les quinze jours :trente-quatre négociants notables sont appelés à voter la composition de ce tribunal, sans compter un commerçant de St.-Nicolas, et un autre de Pont-à-Mousson. Les. avocats, qui pullulent chaque jour davantage, ont un conseil de l'ordre et un bureau de consultations gratuites; On en compte, près de la cour royale, cinquante-un, et vingt- deux sont admis au stage : les avoués près de la même cour sont au nombre de douze , et forment une chambre particulière , ainsi que les douze qui sont inscrits au tribunal de première instance. La cour a six huissiers audienciers : le tribunal de première instance, également six; le tribunal de commerce, deux, sans compter neuf autres huissiers non-audienciers. La ville de Nancy est divisée en trois cantons de justice-de-paix. Le canton Nancy-Est , a ses audiences le lundi et le jeudi; le canton Nancy- Nord, le mardi et le vendredi; et Nancy-Ouest, les mercredi et samedi : ces mêmes juges président alternativement le tribunal de simple police.
Les diverses magistratures que nous venons d'énumérer ont remplacé : 1° le célèbre parlement qui avait dans son ressort la province entière de Lorraine et la plus grande partie du Barrois. On y voyait figurer des conseillers-prélats, des conseillers-chevaliers1 d’honneur et plusieurs des célébrités qui ont illustré les fastes judiciaires depuis la révolution de 1789. Le parlement avait une chancellerie et un garde-des-sceaux. 2°La chambre des comptes, cour des aides et monnaies, avec présidents, conseillers, gens du roi, etc. : elle surveillait les revenus et les dépenses de la province; et il y avait près de cette chambre et près du parlement 257 avocats inscrits. Leurs noms réveillent bien des souvenirs de gloire, et ils se reproduisent presque tous dans la cour royale et dans les divers tribunaux de Nancy. 3° Le bailliage présidial, composé d'un bailli, un lieutenant-général civil et criminel , un lieutenant-général de police, un lieutenant-particulier civil et criminel, un assesseur avec plusieurs conseillers procureurs, huissiers, etc. Plusieurs des bailliages de la province ressortissaient à celui de Nancy, comme nous l’avons dit ailleurs. 4° Une chambre consulaire décidait les affaires commerciales, et un tribunal spécial jugeait les questions de police. On sait que la Lorraine avait ses coutumes particulières dont la constitution avait été arrêtée dans une assemblée des États, tenue dans le 16° siècle. Les principales villes avaient un lieutenant consulaire, sans compter les buffets qui existaient en quelques lieux, et dont les appels se portaient au parlement de Nancy. Au temps de l'empire , cette ville était le siège d'une sénatorerie; elle avait trois députés à élire au corps législatif; le collège électoral se composait de 500 membres.
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Administration Religieuse. Nancy est devenue ville épiscopale sous le règne de Louis XVI et sous le pontificat de Pie VI, qui publia une bulle à cette occasion, le 19 novembre 1777. Le nouveau diocèse ne fut d'abord qu'un démembrement de celui de Toul; mais à l’époque du concordat, l’évêché de Toul fut supprimé, et celui de Nancy fut maintenu, avec juridiction sur trois départements. Enfin, en 1822 on créa le siège de Verdun et de St-Dié, et le diocèse de Nancy dut se renfermer dans les limites du département de la Meurthe; C’est un des beaux évêchés de France, non seulement par son étendue, mais par les lumières et l’excellent esprit de son clergé1, par l’instruction généralement répandue dans les villes comme dans les campagnes, et par les sentiments de foi qui règnent dans la plupart des paroisses. Il est fâcheux que ce diocèse, remarquable à tant de titres, ait éprouvé récemment une crise orageuse2 dont il n'est pas encore sorti, et qui l'a fait décheoir aux yeux du monde catholique : il lui manque encore cette forte organisation3 religieuse et ces formes sévères de discipline et de hiérarchie ecclésiastique, dont les diocèses voisins nous offrent de beaux exemples.
1 Dont l’auteur de ce dictionnaire !!
2 L’évêque de Nancy, Mgr Charles-Auguste de Forbin-Janson, était un partisan du roi Charles X. Après la prise d’Alger, il avait assimilé les ennemis du roi à ceux de Dieu. Après la chute de Charles X, une émeute saccage le grand séminaire et l’évêque fuit à l’étranger. Il ne reviendra plus à Nancy jusqu’à sa mort en 1844.
https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1981_num_67_178_1670
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En 1832, le "Journal de la Meurthe" s'oppose à tout retour de l'évêque.
/https%3A%2F%2Fupload.wikimedia.org%2Fwikipedia%2Fcommons%2Fe%2Fe5%2FBischof_Charles_Forbin_Janson.jpg)
Charles de Forbin-Janson (1785-1844) - Wikipédia
Charles de Forbin-Janson descend de la Maison de Forbin, une famille de la noblesse provençale. Il nait à Paris en France, le , de Michel-Palamède, comte de Forbin-Janson, et de ...
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Forbin-Janson_(1785-1844)
Certaines des informations de cet article sont contredites par d'autres sources.
L'administration est dirigée par M. l’évêque, assisté de deux vicaire-généraux titulaires, et de six vicaires-généraux honoraires. Le chapitre est composé de onze chanoines titulaires et de trente-huit chanoines honoraires, dont plusieurs ne résident pas à Nancy. Un séminaire diocésain est établi dans cette ville, au faubourg St.-Pierre; les bâtiments et les jardins sont magnifiques ; mais la révolution de juillet a imprime une secousse funeste à cet établissement; c'est un des séminaires de France qui comptent le moins d'élèves; tandis qu'on y recevait. autrefois jusqu'à 500 jeunes-gens qui venaient y étudier les hautes sciences ecclésiastiques : cette position malheureuse ne sera, sans doute, que passagère; mais un vœu que tous les bons esprits ont formé , c'est qu'on établisse, au grand séminaire, une chaire d'histoire ecclésiastique, d'éloquence religieuse et de physique appliquée à l’histoire naturelle : nous parlerons du petit séminaire à l’article de Pont-à-Mousson. Une pension dirigée par des ecclésiastiques distingués est ouverte sous le patronage de l’évêché : elle se trouve aujourd’hui dans une voie prospère, et les jeunes élèves peuvent y puiser toutes les connaissances données dans les collèges. M. Donnet, coadjuteur de Nancy, et aujourd’hui archevêque de Bordeaux, a marqué son passage dans nos contrées par une foule de bienfaits et de bonnes-œuvres ; on peut citer, entr’autres, l’établissement d’une maison de retraite, où les vétérans du sacerdoce pourront finir doucement leurs jours, en conservant cependant les habitudes et les soins de leur vie domestique.
Nancy est divisé en six paroisses, dont trois seulement ont rang de cure cantonale de première classe : la cathédrale, St Epvre et St.-Sébastien; les paroisses de St.-Nicolas, St.-Pierre et St.-Vincent, ou Trois-Maisons, ne sont que des succursales; nous parlerons plus loin des édifices religieux. Autrefois, il y avait sept paroisses å Nancy, mais les protestants se sont emparés de la collégiale St.-Georges. le chapitre cathédral comptait le Roi pour premier chanoine; cinq dignitaires, vingt-un chanoines titulaires , dont tous devaient faire preuve de noblesse; cinq chanoines honoraires, huit vicaires-perpétuels un bibliothécaire et quatre chapelains. Les chanoines, d'après une bulle de Benoît XIV, avaient le privilège de s'habiller en violet, et le roi1 de Pologne, Stanislas, leur accorda une croix pectorale à l’effigie de St.-Sigisbert. Il y avait une officialité pour le diocèse, composée d'un official , d'un vice-gérant, d’un promoteur et d'un greffier : une chambre ecclésiastique, présidée par l'évêque , était composée de députés envoyés par les collégiales, par les chanoines de la cathédrale, par les curés et par les différents ordres religieux. Enfin, des examinateurs synodaux, au nombre de sept, jugeaient la science des jeunes clercs, avec les vicaires- généraux : toute cette organisation n'est plus aujourd’hui qu’un glorieux souvenir.
Des nombreux établissements religieux, qui existaient à Nancy, on ne voit plus maintenant que la maison des Dames de la Visitation; la maison mère des Sœurs de la Doctrine chrétienne, institution précieuse pour l’éducation des jeunes filles; la maison de Secours; l’hospice St.-Charles, dirigé par les religieuses de ce nom; l’hospice St.-Julien; l’hospice Stanislas, pour les Orphelins; la maison des Orphelines; la maison de St.-Epvre; celle de St.-Fiacre (faubourg de Boudonville), et celle de St-Mathieu (faubourg-St.-Pierre); ces trois dernières distribuent des secours a domicile : différentes commissions administratives surveillent chacun de ces utiles établissements.
Nancy comptait un grand nombre de communautés religieuses, parmi lesquelles celle des Bénédictins, sous l'invocation de St.-Léopold, était la plus célèbre, mais la moins ancienne: elle fut fondée en 1701. Les Chanoines-Prémontrés s'établirent en 1655; les Augustins en 1629; les Dominicains, appelés par le maréchal de Lhopital, vinrent en 1642; les Minimes durent leur maison au comte de Bassompierre, en 1592; les Minimes de Bon-Secours datent de 1609; les Cordeliers furent installés par René II en 1482; les Carmes, sous Henri II, en 1611; les Tiercelins; 1622 ; les Capucins, en 1593, sous le cardinal de Lorraine; les religieux de la Charité, en 1748, sons Stanislas. «Quant aux monastères de filles , les Dames-Prêcheresses furent établies en 1298, par le duc Ferry il; les dames du St.-Sacrement en 1625, par Catherine de Lorraine; les religieuses hospitalières, en 1490, par le duc René II; la Congrégation, en 1603, par le B. Pierre Fourrier; les Annonciades, en 1616, sons Henri II; la Visitation, en 1652, sous Charles IV; les Carmélites, en 1618: elles fondèrent ensuite une seconde maison, en 1636; les Tiercelines, en 1620; et les dames du Refuge, en 1634. On voit que Nancy était une des villes de France où existait le plus grand2 nombre d'établissements religieux. Quant aux hôpitaux, St.-Julien fut créé en 1335, par un prêtre de Nancy, nommé Vernier, et placé ensuite à la Ville-Neuve en 1588; St.-Charles date de 1626, et doit son existence à Pierre de Stainville, doyen de l’église primatiale; les Orphelins furent établis en 1712; St.-Stanislas, auquel ou réunit l’hospice de Gondreville, fut fondé par Stanislas, et l’hôpital royal militaire autrefois régi par entreprise, fut donné aux sœurs de St.-Charles, en 1768, et transféré à- cette époque dans un bâtiment neuf où il est encore aujourd’hui. La Maison de Charité, établie dans la paroisse Notre-Dame (cathédrale), est due au curé de cette paroisse, le P. Touillot, en 1690; la Maison de St.-Epvre est due également au curé de cette paroisse, M. Thirion, en 1700; celle de St.-Pierre est un bienfait de Stanislas, et celle de St-Vincent (Trois-Maisons), a commencée en 1777, par les dons de M. de Ravinel, chanoine de la cathédrale. Les frères de la Doctrine chrétienne , qui rendent encore aujourd’hui tant de services à l’enfance, ont été appelés en 1749 par le bienfaisant Stanislas, et leur nombre été accru par le grand doyen de la primatiale, M. de Boussy : ils sont maintenant établis dans une vaste maison de la paroisse St.-Epvre, et peuvent à peine contenir, dans leurs classes, tous les élèves qui se présentent. Le diocèse de Nancy est du ressort de l’archevêché de Besançon.
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Sur ce plan (Archives municpales de Nancy), on voit que tous les établissements religieux mentionnés sont en Ville Neuve