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Le blog de François MUNIER

Élisée Reclus était-il racialiste ?

8 Mai 2018 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Histoire

C'était un peu mon sentiment à la lecture de certains chapitres de sa Nouvelle Géographie Universelle, où il amalgame souvent caractéristiques physiques, cultures, langues, en recourant parfois aux définitions de l'anthropologie racialiste de l'époque (dolychocéphales, etc..).

Élisée Reclus était-il racialiste ?

Ce n'est pas ce que pensent Federico Ferretti et Philippe Pelletier dans leur analyse de ouvrage "L'homme et la Terre" d'Élisée Reclus.

61 Il (Paul Broca) participe à la création de l’École d’anthropologie, fondée à Paris en 1859 avec Paul Broca (1824-1880). Autre foyen célèbre, comme Élisée ou Élie Reclus, Paul Broca, chirurgien, anatomiste, neurologue, linguiste et anthropologue, est un libre-penseur. Il critique la religion, l’armée, l’empire ainsi que l’expansion coloniale, et, contrairement à l’idée reçue, il n’est pas racialiste.

69 Parmi les enjeux que soulève la théorie darwinienne, trois tiennent Élisée Reclus à cœur via la question conjointe des « races », de l’unité de « l’Humanité sur la Terre » et, par conséquent, des origines de celle-ci (H&T, Livre 1, chap. I). Concernant la problématique des origines, il laisse ouverte, à plusieurs reprises, la réponse aux diverses hypothèses formulées à ce propos comme celles du monogénisme ou du polygénisme. Il sait que la question n’est pas simple, et qu’elle n’est pas résolue. Il reste prudent, mais, au fond, elle n’est pas l’essentiel pour lui.

70 Ce qui le préoccupe en revanche, ce sont ses conséquences. C’est ainsi qu’il critique Georges Vacher de Lapouge (1854-1936), lorsque celui-ci évoque les « sélections sociales ». En effet, ce marxiste essaie d’interpréter la lutte des classes en lutte des races. Certes, il écrit que « le darwinisme a mis tout le monde d’accord », constat qu’approuve Reclus. Mais il s’agit d'une grave erreur pour le géographe anarchiste « si le conflit renaît sous d’autres noms et si l’on vient à nous parler de “races” considérées comme pratiquement irréductibles » (Livre 1, chap. I). Vacher, que Reclus cite à d’autres endroits, est à cette époque en train d’évoluer idéologiquement. Docteur en droit devenu anthropologue, fondateur à Montpellier en 1880 de la section du Parti Ouvrier Français de Jules Guesde, il bâtit en effet une théorie racialiste et eugéniste à partir de 1902, et il est déjà critiqué par plusieurs sociologues, appartenant plutôt au courant durkheimien.

90 Bien évidemment, certaines descriptions ou analyses des frères Reclus sont obsolètes. Des propos ou des expressions, telles que « races humaines », « peuples attardés », « primitifs », « Nègres », peuvent choquer de nos jours, mais ils reflètent le sens commun de l’époque, qu’on ne doit pas juger à l’aune actuelle sous peine d’anachronisme et de mésinterprétation. Reclus et Metchnikoff ont non seulement remis en cause l’idée de supériorité raciale, mais aussi le concept même de « race » : d’après le second, « aucun des anthropologistes n’est encore arrivé à définir une race humaine » (Metchnikoff 1889, p. 98) et d’après le premier, dans l’un des volumes de la NGU consacrés à l’Afrique, il est l’heure d’en finir avec les discours sur les « races dites inférieures » (NGU, vol. XIII, p. 554).

 

 

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