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Le blog de François MUNIER

Georges Vigneron (1895-1915)

13 Novembre 2018 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Généalogie familiale, #Guerre 1914-1918

Article mis en ligne initialement le 1er novembre 2015.

Mis à jour avec la documentation présente sur Filae

Georges Vigneron (1895-1915)

C'était un des jeunes frères de ma grand-mère maternelle.

Il a été tué avant de fêter ses 20 ans.

Georges Vigneron (1895-1915)

Peu de temps auparavant, son comportement héroïque était signalé dans un bulletin paroissial de la Sarthe, dans le village de son capitaine : Louis Alexandre Senault, tué le 19 décembre 1914 à Montauban (Somme).

Georges Vigneron (1895-1915)

La mort d'un brave

Dans le Bulletin de décembre dernier, nous étions heureux et fiers de signaler à nos lecteurs la belle conduite au feu de notre compatriote, M. Senault, notaire à Ballon et lieutenant de réserve, dès le début de la guerre, au 117e d'infanterie. Cette belle conduite lui avait valu une citation à l'ordre du jour et le troisième galon de capitaine.

Notre Bulletin de décembre était à peine paru que M. Senault tombait courageusement, en brave, en Français. C'était le 19 décembre, au matin, près de C... (Somme).

Une tranchée ennemie avait résisté à tous les efforts du vaillant régiment manceau, qui ne cessait d'être abondamment arrosé de mitraille. Il fallait en finir. La 7e compagnie reçut l'ordre de marcher. Son capitaine, M. Senault, sort le premier de la tranchée, en criant : « Allons, mes enfants, en avant ! » Ses soldats le suivent ; à 50 mètres de la tranchée ennemie, il tombe frappé mortellement d'une balle sous l’œil droit.

Mais nous laisserons aux témoins oculaires le soin de raconter cette fin glorieuse : leurs lettres, que nous avons parcourues avec tant d'émotion, attestent toutes, nous aimons à le faire (illisible)

« On l'aurait dit endormi » La mort, et surtout la mort du soldat, ne l'a jamais effrayé ; toujours, il l'a regardée en face sans crainte. Et ce sentiment personnel, le chef sut merveilleusement le faire pénétrer dans l'âme de ses soldats nous en voyons la preuve dans le geste plusieurs fois répété de ce simple soldat — Vigneron, son nom est à retenir, — qui, malgré un feu intense, parvint à arracher à l'ennemi le corps de son officier. M. Senault avait donc su, également, véritable entraîneur d'hommes, se faire tout d'abord aimer de ceux dont il réclamait l'obéissance.

En écrivant ces lignes, en publiant les lettres qu'on va lire, nous voulons rendre un reconnaissant hommage à la bravoure de notre compatriote. Sa mort, nul ne songe à le nier, si courageuse qu'eIle ait été, ne l'enlève pas moins cruellement à l'affection des siens . cependant, elle rayonne autour d'elle une si pure gloire, elle inspire un tel respect que ceux qui, aujourd’hui, pleurent le cher disparu, en verront leur vie toute auréolée. La petite ville Ballonnaise osera réclamer sa part de cette gloire, d'autant mieux que nombreux déjà ont été ceux qui, à l'exemple de M. Senault, ont accompli généreusement pour nous, pour nos foyers, pour la France, le sacrifice de leur vie. Ils ont conquis la gloire au prix de leur sang, nous ne l'oublierons jamais.

La première lettre, narrant la mort de M. Senault, est de son chef de bataillon, M. Guillo Lohan.

« Le capitaine Senault a été atteint mortellement au moment où il sortait des tranchées en tète de sa compagnie pour l'enlever et la porter à l'attaque des lignes ennemies. Il est mort en brave.

« Au début de novembre, lors de la prise du Quesnoy et pendant les rudes journées qui ont suivi, il m'avait sans cesse accompagné, conservant toujours son beau sang-froid. J'avais pu dès lors apprécier ses rares qualités. Je pleure avec vous un camarade brave, énergique et dévoué. Puissent ces quelques mots vous apporter une consolation dans votre douleur. Votre petite fille saura de quelle façon superbe son père a versé son sang pour la France.

« Lorsque le capitaine Senault a été frappé, un brave soldat nommé. Vigneron, s'est porté à quatre reprises différentes sous le feu le plus violent auprès du corps de son capitaine, et a enfin réussi à le ramener à C M. l'abbé Fontaine, notre aumônier, et le Docteur Couffon ont pieusement rendu les derniers devoirs à M. Senault. » 

D'un camarade du 117e le capitaine Borel

«. . . Près de lui, lors du combat de C , j'ai assisté à sa mort en brave et je suis resté profondément peiné de la mort d'un excellent camarade... »

Du lieutenant Tusseaud qui- prit le commandement de la 7e compagnie, après la mort de M. Senault :

«. . . J'ai pris le commandement de la 7e compagnie le 18 décembre, à 2 heures ; le capitaine Senault ayant été tué vers 11 heures, il ne restait plus d'officiers à la compagnie. Vous pouvez dire à Mme Senault que son mari est mort en brave, non, c'est trop peu : en héros.

« Il est sorti seul de sa tranchée sous un feu très violent d'artillerie et d'infanterie, s'est porté au moins 50 mètres en avant en entraînant ses hommes, et à cet instant a été tué instantanément ; je puis même assurer qu'il n'a pas souffert, car lorsque je l'ai fait ramener dans notre tranchée, il avait les traits très calmes.

« Il a pu être ramené dans la tranchée le soir, vers 9 heures, par Vigneron que j'ai proposé comme caporal, et pour qui j'ai demandé la médaille militaire, pour avoir été trois fois, sous un feu violent, chercher le corps de son officier. .. »

Du sous-lieutenant Bissey :

« Nous sommes arrivés à C après deux jours de voyage. Nous sommes descendus du train à C.... et partis à pied à B... sur-Somme.

Nous avons reçu le baptême du feu en arrivant : des balles perdues nous ont accueillis. Le lendemain matin, un homme du détachement a été tué à un mètre de moi par une balle d'obus, tout à côté d'un poste de secours où l'on venait de porter M. Senault, tué le 19 décembre, à 8 heures du matin, d'une balle sous l’œil droit, en emmenant sa compagnie à l'assaut d'une tranchée boche. -Je l'ai vu mort étendu sur un brancard, les yeux fermés ; il n'a pas dû souffrir ; la figure était calme ; sauf un peu de sang au nez, on l'aurait dit endormi. Il est enterré à côté du poste de secours de C.., à l'entrée du village, près la station du chemin de fer. »

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