Journal de marche de la section sanitaire du II/79e R.I.F.
J'ai inséré des liens vers des articles évoquant cette "bataille du Donon"
Bulletin « Le Clocheton » de 1988
Journal de marche de la section sanitaire du II/79e R.I.F.
Ce texte a été rédigé d'après les notes personnelles de l'auteur et la relation très détaillée établie par un des membres de la section sanitaire, Maurice Fallek.
Basée dès le 2 septembre 1939 à Rittershoffen, avec le I/79e R.I.F. (commandant Macker), elle est commandée par le médecin-lieutenant Paul Steimle, secondé par les docteurs Roger Gauthier et François Wetterwald. Elle comprend un sergent, Ch. Dewynter, 6 caporaux, 3 infirmiers et 25 brancardiers.
Jusqu'au début du mois de juin 1940, les activités de la section furent multiples, établissement d'une consultation et d'une salle pour malades légers dans une maison du village, construction d'un abri très bien protégé et aménagé, ramassage des animaux morts en avant des lignes, recueil de quelques blessés par bombardement, etc.
A partir du 10 mai, il fut décidé d'établir un poste de premiers secours à Leitersviller; plusieurs caves furent spécialement renforcées; fin mai j'y fus en permanence avec une équipe de huit brancardiers et un infirmier. Une équipe de quatre brancardiers fut envoyée aux avant-postes, les troupes d'intervalle ayant presque terminé leur repli.
Le 12, tout était prêt et quelques blessés dus au bombardements de plus en plus importants avaient été évacués. Le 13 juin, ordre de départ de la section sanitaire, accompagnant la majeure partie du II/79e R.l.F.; le matériel sanitaire fut embarqué dans l'ambulance qui se joignit au convoi des voitures et camions du bataillon ; nous ne devions plus jamais la revoir.
Embarquement à Walbourg dans un train à destination de Saint-Dié, qui démarre le 15 juin. Le 16 juin, le train, arrêté en gare de Schirmeck est bombardé par quelques Stukas, tuant et blessant de nombreux civils et soldats. Les médecins de la section sanitaire, qui assistaient aux premières loges à ce bombardement prirent en main les soins aux blessés; renseignements pris, il existait à Schirmeck, non loin de la gare, un sanatorium transformé en hôpital militaire. L'évacuation des blessés fut effectuée par toutes sortes de moyens vers cet établissement qui, lorsque nous y arrivâmes se révéla quasi-désert :tout le corps médical ou infirmier étant parti depuis peu de temps d'ailleurs, emmenant le matériel. Seules demeuraient, dans une salle du rez- de-chaussée, une dizaine d'infirmières, abandonnées…1
1 Note personnelle : les mecs sont partis en laissant les femmes. Tout l’esprit de la débâcle de 1940 résumé !!
Le 16 juin 1940, la section sanitaire du II/79e se sépara du reste du bataillon qui, sous les ordres du commandant Macker, quitta Schirmeck vers le Donon, où il rejoignit le I/70e R.I.F., partageant avec cette unité les services de sa section sanitaire. Ceux du II/79e formèrent alors le noyau du personnel d'une formation sanitaire qui devait jouer un grand rôle dans ce que l'on a appelé la « bataille du Donon » et ce jusqu'au 25 juin.
Les trois médecins de la section sanitaire du 79e R.l.F. avaient tous trois une formation chirurgicale. Ils durent en premier lieu traiter les blessés du bombardement, soit 17 soldats et 25 civils. Il fallut trouver des instruments, des pansements et médicaments. Un certain nombre de paniers sanitaires furent retrouvés dans les fossés, des réquisitions furent faites chez les pharmaciens et médecins des environs ; il existait dans les resserres du sanatorium des réserves alimentaires. Mais très vite l'existence d'un « hôpital » en état de fonctionnement fut connu des unités évoluant autour de Schirmeck, et les blessés ainsi que les malades affluèrent: 26 le 17 juin, une dizaine les 18 et 19 ; 50 le 20 juin. Heureusement des renforts, principalement des médecins, vinrent nous épauler: le docteur Kessler, chirurgien à Haguenau vint constituer une troisième équipe chirurgicale à côté de celles des docteurs Gauthier et Wetterwald, le médecin-lieutenant Steimle, qui effectuait le triage des blessés, fut aidé dans sa tâche de médecin-chef par le docteur Gerling ; les malades étaient confiés au docteur Frack ; ces trois nouveaux médecins, capitaines tous trois venaient de l'A.M. 84 d'Ingwiller. Deux médecins « civils » les docteurs Blind et Weber, ainsi qu'un pharmacien, Giraud, complétèrent l'équipe. Le médecin-lieutenant Mallet (II/165°), nous rejoignit le 20. Mais le personnel infirmier et brancardier fut essentiellement constitué par la section sanitaire du II/79e R.I.F., aidée par 3 hommes du 165e et deux de la 23e Section I.M.
Bien entendu les 10 infirmières que nous avions trouvées en arrivant nous furent d'une aide précieuse.
Le fonctionnement de l'hôpital de Schirmeck fut rendu difficile essentiellement en raison du manque d'électricité; de nuit il fut nécessaire de recourir à des moyens de fortune pour assurer la poursuite des interventions chirurgicales. Les blessés affluèrent jusqu’au 27 juin, après l'armistice : 47 le 21 , 63 le 22, 28 le 23, 4 le 25, 12 le 26, 26 le 27. Notre formation fit également fonction d'hôpital pour la population civile, les médecins locaux ayant été presque tous mobilisés.
Le 24 juin, le 43e C.A. mettait bas les armes. Son commandant le général Lescanne ayant obtenu de l'ennemi des conditions honorables et conclu en particulier un accord au sujet des blessés. Le médecin-colonel Saulnier, à la tête du service de santé du 43e C.A. vint à Schirmeck le 25 juin présenter au médecin-capitaine allemand Ege les services de Schirmeck en précisant qu'il s'agissait de la seule formation chirurgicale encore existante.
Le Stabsart Ege prend ses fonctions le 28 à l'hôpital qui devient un ” Gegangenen Lazarett ” et fonctionnera jusqu'au 9 juillet.
Au total, près de trois cents blessés furent traités à Schirmeck, civils, victimes des bombardements. Sur ces derniers, huit morts. Parmi les soldats blessés, dont beaucoup ne furent amenés que trop longtemps après leurs blessures, nous avons compté 15 morts qui furent tout d”abord inhumés non loin de l’hôpital dans un pré et dont les restes reposent maintenant dans le cimetière militaire du Donon. ll s'agissait le plus souvent de plaies du thorax ou de l'abdomen. L'hôpital reçut également une centaine de malades qui guérirent tous.
L'épisode de l'hôpital-sanatorium de Schirmeck prit fin le 9 juillet 1940. 95 blessés légers furent évacués par les Allemands en direction d'une infirmerie pour prisonniers de Strasbourg. Le docteur Steimle et les trois médecins qui nous avaient bien aidés, Kessler, Gerling et Franck, ainsi que les infirmiers et brancardiers d'origine alsacienne sont « libérés » par nos gardiens ; auparavant, sans demander l'accord de nos gardiens, la section sanitaire du II/79e R.I.F. au grand complet et en tenue impeccable était sortie de l'hôpital, au pas cadencé sous les ordres du médecin-lieutenant Steimle pour aller rendre hommage, dans le petit pré où ils étaient inhumés, aux quinze soldats morts dans nos services. Nous rencontrâmes sur notre chemin quelques soldats allemands, des gradés, un peu stupéfaits à la vue de notre défilé.
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Vosges | Littérature. Le massif du Donon à l'épreuve des combats de juin 1940
Dans le cadre du 80e anniversaire de la campagne de juin 1940, l'historien Jean-Michel Adenot publie un album photo inédit sur la reddition du 43e ...
Le 9 juillet donc, 111 malades ou blessés dont l'état nécessitait encore des soins suivis furent évacués en camions vers l'hôpital militaire de Haguenau. lls étaient accompagnés parla section sanitaire du II/79e, dont la tâche n'était pas terminée, diminuée de ses " Alsaciens ", complétée par deux médecins, le lieutenant Mallet du 165° R.l.F. qui prit le commandement et le docteur Gilbert.
Nous devions rester à Haguenau jusqu'au 23 octobre. Je crois qu'il est normal d'inclure ce dernier acte de nos activités dans ce « journal de marche" », car, à Haguenau comme à Schirmeck la majorité du personnel médical et infirmier appartenait à la section sanitaire du 79e R.l.F. qui maintint en quelque sorte son action et sa personnalité durant les quatre mois suivant l'armistice.
Durant leur séjour à l'hôpital de Haguenau, occupé presqu'en totalité par une formation sanitaire allemande, les médecins et infirmiers continuèrent leurs soins aux malades et blessés amenés de Schirmeck et firent fonction de centre de soins pour l'ensemble des prisonniers français gardés dans la région - 10.000 environ. Il y eut en particulier une épidémie de dysenterie avec 120 cas graves sur 2.000 atteints au camp d'Oberhoffen. Un certain nombre de blessés par l’explosion de mines ou par balle lors d'une tentative de fuite furent aussi transportés dans nos services. Nous eûmes, parmi ces blessés, quatre morts qui sont dans le cimetière militaire de Haguenau.
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Juin 1940, l'armistice est signé : au Donon, le dernier corps d'armée français tient toujours ...
Le 18 juin 1940, alors que tout semble perdu, que l'armistice a été sollicité la veille par le maréchal PETAIN et que le général de GAULLE vient de lancer son appel depuis Londres, des millie...
Peu à peu les prisonniers français furent dirigés sur l'Allemagne, remplacés par des Polonais. L'évacuation de l'hôpital de Haguenau sefit en deux temps : une partie des malades et blessés, transportés vers l'hôpital Gaujot de Strasbourg le 4 octobre, avec 15 infirmiers et brancardiers, les docteurs Mallet et Wetterwald, seront libérés le 8 octobre. Le reste des malades, le matériel et les archives, ainsi que les onze infirmiers et brancardiers restant et les docteurs Gauthier et Gilbert, partirent vers Strasbourg le 23 octobre. Le personnel fut libéré le 25 octobre.
Au total, la formation issue de la section sanitaire du II/79e R.I.F. traita 570 militaires dont 382 blessés (19 morts) et 188 malades, sans décès. En plus, elle donna ses soins à 44 civils, femmes, enfants et cheminots et compta dans cette catégorie, huit morts. Elle traita également 4 blessés allemands.
Voilà l'histoire de la section sanitaire du II/79e R.I.F. Les médecins exercèrent leur profession dans des conditions parfois difficiles. Mais les infirmiers et brancardiers manifestèrent un dévouement, une discipline, une ardeur dignes de respect et d'éloge - et que ne sanctionna aucune médaille ou citation.
Docteur F. WETTERWALD
PERSONNEL DE LA SECTION SANITAIRE II/79e R.I.F.
Médecin-lieutenant Paul Steimle, médecin-chef.
Médecin sous-lieutenant Francois Wetterwald.
Médecin sous-lieutenant Roger Gauthier. Sergent Dewynter Charles.
Caporaux: Bontems René, Tirlot Albert, Bourdier André, Wengeron Georges, Laichot Jacques.
Infirmiers : Abbé Klein Albert, Andrieu Maurice, Leroy Jean.
Brancardiers : Page Raymond, Corporon Maurice, Schmidt Georges, Madosse Maurice, Brosson Pierre, Jankel Léon, Lejus René, Blanchard Pierre, Leichowitch Jacques, Benamou, Gobe, Ferry Paul, Breton Donat, Caput André, Gass Joseph, Feninger René, Théaude Virgile, Courrier Joseph, Pognon, Dieudonné Nicolas, Fallek Maurice, Gaudfrin, Didier Maurice, Marchal Pierre, Groshens Lucien.
Quittent la section avant janvier 1940:
- Pour nouvelle affectation:
Caporal Laichot, soldats Gobe et Pognon.
Affectés à la section le 25 mars 1940:
- Caporal Descrampes du 435e R.P.
- Soldat Gaillourdet du 23e R.l.F.
Infirmières A.D.F. Strasbourg :
- Mesdemoiselles: Lentz Marie-Louise, major.
Salle d'opérations : - Mesdemoiselles: Chapuis Lucienne, Manquin Angélique, Kohler Paule, Strassel Juliette, Sieffert Mathilde, Haeussler Erna, Klein Marguerite, Levy Berthe. Gintz Marguerite,