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Le blog de François MUNIER

Notre-Dame de Paris, analyse du discours de Macron

8 Décembre 2024 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Actualité, #Histoire, #Religions

En publiant en ligne le texte du discours présidentiel à l’occasion de la réouverture de Notre-Dame, RCF pose la question de savoir si le discours de Macron était ou non politique. effectivement tous les discours politiques sont interdits par la loi.

Reste à savoir également si le discours était également celui du président d’une république laïque.

En noir, le discours tel que publié. En bleu mes observations. Les notes sont de moi, comme les illustrations.

À 19h45, ce samedi 7 décembre le président Emmanuel Macron a prononcé un discours en l'honneur de la réouverture de Notre-Dame de Paris. Initialement prévu sur le parvis, le discours a finalement eu lieu à l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris à cause des conditions météorologiques défavorables dû à la tempête Darragh. Les présidents1 ne sont pas autorisés à exprimer de discours politique au sein d'un lieu religieux. Reste à définir si le discours de Macron l'était.

1 Ni personne, d’ailleurs. Article 26 de la loi du 9 décembre 1905, devenu article 35-1 suite à la loi du 24 août 2021.

Allocution d’Emmanuel Macron

Mes remarques et commentaires.

Je me tiens devant vous, avant que ne commence la liturgie, pour vous dire la gratitude de la Nation française. Gratitude à l’égard de tous ceux qui ont sauvé, aidé et rebâti Notre-Dame de Paris. Gratitude à l’égard de tous ceux qui sont présents, au moment où nous nous apprêtons à la rendre aux catholiques, à Paris, à la France et au monde entier.

Qui est « nous » ?

 

Oui, ce soir, les cloches de Notre-Dame sonnent à nouveau et l’orgue dans un instant s’éveillera. Musiques d’espérance, familières aux Parisiens, à la France et au monde. Les cloches de Notre-Dame sonnent à nouveau, qui ont scandé les heures du jour, et celles de l’histoire. Elles sonnent, comme elles ont sonné pour les onze rois qui ont vu s’élever la cathédrale.

Musiques d’espérance : pour les catholiques, et les autres ?

Onze rois, de 1163 à 1346 : la mention de ce nombre, exact, est un peu une forme de pédanterie. Elle inclut Jean Ier le posthume, qui a vécu 5 jours et n’a sûrement pas vu grand-chose.

Pour saint Louis rapportant d’Orient la Couronne d’épines.

Il ne l’a pas ramenée au cours d’une expédition , il l’a achetée, très cher : la moitié du revenu annuel du domaine royal !! « Faisant revenir » aurait été plus approprié. Et plusieurs autres lieux de culte affirment posséder la « vraie » couronne d’épine. Et il y a un grand « blanc » dans la traçabilité de cette couronne, avant sa découverte opportune trois siècles après la crucifixion1.

1D’une manière générale, il y a deux sortes de reliques :

- Celles dont la traçabilité est à peu près assurée, parce qu’il y a des témoignages contemporains du décès de la personne, entourée de ses fidèles, qui ont pu prélever, ou voler, tout ou partie de son corps : Martin de Tours, Nicolas de Myre, etc..

- Celles pour lesquelles il y a un « trou » entre la date présumée du décès et l’apparition de la relique, quand ce n’est pas un doute historique sur l’existence même de la personne. Il y a à Topkapi le turban de Joseph et le chaudron d’Abraham. J’ai des doutes, comme j’en ai sur le « Saint-Prépuce, le lait de la Vierge, les langes de Jésus.

Notre-Dame de Paris, analyse du discours de Macron
Notre-Dame de Paris, analyse du discours de Macron
Notre-Dame de Paris, analyse du discours de Macron
Notre-Dame de Paris, analyse du discours de Macron
Notre-Dame de Paris, analyse du discours de Macron
Notre-Dame de Paris, analyse du discours de Macron
Notre-Dame de Paris, analyse du discours de Macron

Allocution d’Emmanuel Macron

Mes remarques et commentaires.

Pour Henri IV pansant la blessure des guerres de Religion.

Quel rapport avec Henri IV, sacré à Chartres ?

Pour le voeu de Louis XIII et les victoires de Louis XIV.

Le vœu de Louis XIII, en 1638, place la France sous la protection de la Vierge Marie. Le rapport avec la cathédrale Notre-Dame de Paris est assez ténu. Et pourquoi mentionner ce qui est d’abord une décision à visée religieuse ?

Les victoires de Louis XIV, parfois obtenues au prix fort, font suite le plus souvent à des guerres de conquête et d’agression. Y avait-il des représentants des Pays-Bas à la cérémonie ?

Pour Napoléon se sacrant lui-même, un matin de décembre 1804.

Napoléon a été sacré par le pape Pie VII, puis s’est couronné lui-même.

Rendre gloire à Napoléon (guerres meurtrières de conquête, statut inférieur de la femme, rétablissement de l’esclavage, etc..), il fallait oser.

Pour Victor Hugo, déambulant, rêveur, cherchant les yeux levés l’ombre de Quasimodo.

 

Pour Claudel, ployé au pied d’un pilier, revenu à l’espérance, un soir de décembre 1886.

La conversion au catholicisme de Paul Claudel est un choix personnel, l’expression « revenu à l’espérance » est une appréciation normative, qui n’a pas sa place dans le discours du président d’une république laïque. Les croyants d’autres religions, les incroyants n’ont-ils aucune espérance ?

Pour annoncer aux résistants de Paris l’arrivée du général Leclerc et des siens, puis pour célébrer la libération aux côtés du général De Gaulle.

Précision historique : l’archevêque de Paris, Emmanuel Suhard, n’avait pas été autorisé à accueillir le général de Gaulle dans la cathédrale, à cause de ses prises de position sous l’occupation allemande.

Pour les adieux de la France à ses génies, à ses soldats, à ses grands hommes. Oui, elles sonnent, elles qui ont accompagné notre histoire.

L’hommage national a pu être fait dans le cadre de la cérémonie religieuse, ce qui est normal pour des défunts catholiques, mais pas obligatoire. Et il y a eu beaucoup plus de « génies, de soldats, de grands hommes » que d’adieux à Notre-Dame. Par exemple, VGE, catholique, a été inhumé dans l’intimité.

Allocution d’Emmanuel Macron

Mes remarques et commentaires.

Pourtant, nous aurions pu ne jamais réentendre cette voix. Le 15 avril 2019, la nouvelle de l’incendie a couru de lèvres en lèvres. Les images de flammes dévorant le transept, la fumée noire. La flèche qui vacille puis s’effondre, dans un fracas d’ossement. Et ces heures de combat face au feu, la décision de lui laisser sa part, et ces minutes désespérées où tout pouvait partir, où la pierre, le bois, les vitraux auraient pu disparaître. Durant ces heures, il s’est trouvé des étudiants descendus de la montagne Sainte-Geneviève, pour entonner des chants.

Les promeneurs à Timesquare pour s’arrêter, en larmes, devant les premières images. Et de Rome à Moscou, des croyants de partout venus se réunir devant nos ambassades.

Des chameliers au long du Niger descendus de leurs bêtes pour prier, dans leur religion, pour Notre- Dame.

La nouvelle de l’incendie a eu un retentissement international, et elle a suscité l’étonnement, la consternation et la sympathie pour la France. Mais était-il nécessaire de faire autant de pathos, et une fois de plus de limiter l’empathie aux seuls croyants ?

Ce soir-là, heur et malheur étaient mêlés. L’enchaînement de malchance, le vent d’est qui s’est levé, au pire moment, poussant les flammes vers le beffroi nord. Et l’enchaînement de coïncidences, aussi, que certains appelleront hasard, d’autres destin, d’autres providence. Il y eut surtout de la bravoure. Celle de ces sapeurs-pompiers, et de leurs chefs, envoyés pour une dernière tentative, plus dangereuse encore que les autres. Ces hommes, escaladant la façade, plongeant dans le feu afin d’empêcher les seize cloches de tomber, et avec elles toute la cathédrale. À 22h47 a retenti ce message : nous sommes maîtres du feu. Nos pompiers reprenaient l’avantage. Et il n’y eut, cette nuit-là, aucun mort. Vers minuit, nous avons ouvert le grand portail. La flèche n’était plus. Le transept effondré. Le plomb continuait de couler partout, par flammèches. L’eau. Une odeur âcre, la croix et la pieta, qui apparaissaient dans un éclat singulier.

L’enquête sur les causes, probablement accidentelles, de l’incendie piétinent. Il faudra démêler les responsabilités de l’État propriétaire et de l’archevêché, affectataire s’il s’avère que des installations électriques n’étaient pas aux normes et qu’il y a eu des déficiences dans les procédures d’alarmes.

Et la Vierge au pilier, intacte, immaculée, à quelques centimètres à peine de la flèche tombée.

On a échappé à la mention d’un miracle !!

Notre-Dame de Paris était sauvée ; défigurée, mais sauvée par la bravoure, le courage de ces hommes. Alors commencèrent ces minutes où tout pouvait vaciller. Tristesse et désespoir devant un tel drame, incertitude et désolation de ne jamais revoir la cathédrale comme avant. Vertige de découvrir que Notre-Dame de Paris pouvait disparaître, et que nos cathédrales aussi sont mortelles. Alors nous avons choisi le sursaut, la volonté, le cap de l’espérance. Nous avons décidé de rebâtir Notre-Dame de Paris plus belle encore, en cinq années. Le sursaut, la volonté. Et pour rendre cela possible, une fraternité inédite.

Qui est ce « nous » ? Pluriel de majesté ?

Si on veut la faire « plus belle », cela ne pose pas de problèmes s’il s’agit d’ôter la crasse accumulée par les siècles, mais les modifications (par exemple des vitraux) peuvent être contestées au nom de la Convention de Rome sur la protection du patrimoine mondial. Et je ne crois pas que l’avis éclairé des spécialistes ait été demandé.

Fraternité de ceux qui ont donné sur tous les continents, de toutes les religions, de toutes les fortunes.

En bénéficiant pour certains d’avantages fiscaux, ce qui fait que c’est l’État qui a financé une partie de la reconstruction.

Unis par l’espérance, et réunis dans ces murs. Fraternité des compagnons, apprentis, et de tous les métiers, ici réunis. Sous la conduite du général Georgelin, pour qui j’ai ce soir une pensée émue, puis de Philippe Jost et de leurs équipes.

 

Fraternité des échafaudeurs, des grutiers, cordistes, électriciens, forestiers, scieurs, équarrisseurs, charpentiers et taillandiers. Et puis les menuisiers d’art, parqueteurs, couvreurs, fondeurs, ferronniers d’art, serruriers, dinandiers, patineurs, lustriers, artisans de la pierre et maçons, tailleurs, carriers, sculpteurs, restaurateurs de sculptures et de peintures, maîtres-verriers, facteurs d’orgues et campanistes,archéologues, ingénieurs, chercheurs, historiens, conservateurs, régisseurs d’art, architectes et tant de métiers encore.

J’espère pour lui qu’il n’a pas oublié un métier dans cette longue liste, car les intéressés pourraient se vexer !

Quant aux archéologues, ils auraient aimé avoir eu un peu plus de temps pour faire des fouilles complètes, qui auraient pu être enrichissantes. Beaucoup de décisions prises pour la reconstruction peuvent être contestées.

Oui, ces femmes et ces hommes, plus de 2000 durant cinq ans, se sont inscrits dans la chaîne de ceux qui, depuis le XIIIe siècle, ont bâti la cathédrale. Reconstruisant la forêt de Notre-Dame, cette charpente de 2000 chênes, puis la flèche à l’identique, et ranimant les pierres et les peintures, redécouvrant cette blondeur.

Erreur de transcription de RCF ou erreur du président ? Les travaux de construction ont commencé au XIIe siècle.

Personnellement, j’aimerais savoir si le bois des 2 000 chênes était assez sec. Après la première guerre mondiale, l’architecte chargé de la reconstruction de la cathédrale de Reims, passionné et compétent, a préféré choisir le béton armé.

Notre-Dame de Paris, analyse du discours de Macron
Notre-Dame de Paris, analyse du discours de Macron
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Notre-Dame de Paris, analyse du discours de Macron
Notre-Dame de Paris, analyse du discours de Macron

Allocution d’Emmanuel Macron

Mes remarques et commentaires.

Ils ont montré que nous avions la volonté encore de bâtir de grands desseins, et de continuer la légende des siècles. Durant cinq années ici, chaque femme, chaque homme fut nécessaire pour rebâtir, chaque aide même du bout du monde fut nécessaire pour tenir, chaque geste fut nécessaire, réconciliant la grandeur de cette cathédrale et l’exigence de tous ces métiers. Nous avons redécouvert ce que les grandes Nations pouvaient faire : réaliser l’impossible. Cette cathédrale fut ainsi la métaphore heureuse de ce qu’est une Nation, et ce que devrait être le monde.

Quel dommage que cette volonté de bâtir de grands desseins n’ait pas été suffisante, malgré tout l’argent dépensé, pour mettre au point un vaccin contre le Covid-19 ou investir dans des technologies d’avenir, et pas seulement dans la nécessaire sauvegarde du patrimoine.

Fraternité d’un peuple déterminé à faire de grands choix ; fraternité universelle et entraide. Notre-Dame nous dit que nos rêves, même les plus audacieux, ne sont possibles que par la volonté de chacun, et l’engagement de tous. Notre cathédrale nous rappelle que nous sommes les héritiers d’un passé plus grand que nous, qui peut chaque jour disparaître, et les acteurs d’une époque que nous avons à transmettre. Notre cathédrale nous dit combien le sens, la transcendance, nous aident à vivre dans ce monde.

Fraternité : dédicace spéciale aux gens qui ne sont rien, aux Gaulois réfractaires, etc..

Les définitions de la transcendance sont multiples, y compris dans le domaine religieux.

Transmettre, et espérer. Tel est le sens de ce travail, et de notre présence ce soir. Nous nous inscrivons à notre tour dans ce cortège de bâtisseurs, nous révélant à nous-mêmes face à l’adversité. Les cloches vont sonner, l’orgue va s’éveiller, les fidèles bientôt viendront prier. Le monde retrouvera la cathédrale rebâtie et embellie. Et nous, il nous faudra garder comme un trésor cette leçon de fragilité, d’humilité et de volonté, et n’oublier jamais combien chacun compte, et combien la grandeur de cette cathédrale est inséparable du travail de tous. Ce soir, ensemble, nous pouvons partager la joie et la fierté. Monseigneur, notre Dame de Paris vous est redonnée. Ensemble, vous avez rendu cela possible. Soyez-en remerciés. Vivre Notre-Dame de Paris. Vive la République. Vive la France.

La cathédrale n’est pas redonnée à l’Église par l’État, mais remise à sa disposition1.

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