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Le blog de François MUNIER

Le dictionnaire historique de Rolland (1818) (1/)

1 Novembre 2024 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Histoire, #1815-1914

Le dictionnaire historique de Rolland (1818) (1/)

J’ai chez moi le tome I de cet ouvrage. J’ai trouvé peu de renseignement sur son auteur, Jean-François Rolland Imprimeur et libraire 1771-1849. Il est en ligne sur le site de la Bibliothèque de Lyon.

J’avais déjà remarqué son interprétation ultra littérale de la Bible et son occultation des événements de la Révolution et de l’Empire.

1818 est l’époque de la réaction ultra-royaliste en France et de la Chambre introuvable. La préface est dans cette ligne, avec une couche supplémentaire d’ordre moral.

Il est intéressant de noter, à l’intention de ceux qui sont aujourd’hui sur cette ligne, que Rolland zappe complètement des évènements qui semblent aujourd’hui majeurs à ceux qui dénoncent la « cancel culture » et le « wokisme ».

Il faut également noter que Rolland s’intéresse aussi à l’histoire des sciences et techniques et a une bonne connaissance des mondes juifs et musulmans.

Texte intégral de la Préface :

AVERTISSEMENT.

Le Dictionnaire historique de Ladvocat1 est entièrement épuisé, et quoique ce livre ait vieilli, il est encore recherché, parce qu'il est écrit dans un bon esprit, et peu volumineux. Notre projet d'abord étoit de le réimprimer avec les augmentations dont il étoit susceptible ; mais ayant reconnu que plusieurs personnages, aujourd’hui oubliés, y tenoient beaucoup trop de place, et que d’autres étoient traités trop succinctement, nous avons jugé convenable de le refondre en entier. Le Dictionnaire de Ladvocat est particulièrement recommandable, parce qu'il présente une espèce d’abrégé d’histoire universelle, dans lequel on trouve, par ordre alphabétique, tout ce qu'il y a de plus important, et ce que l’on voudroit principalement avoir retenu. C'est un recueil des vies de toutes les personnes illustres ou fameuses dans tous les genres, depuis le commencement du monde jusqu’à nos jours, au moyen des additions que nous y avons faites; on y indique le nom, la qualité, le lieu de la naissance et l’année de la mort de la personne dont on parle ; ses principales actions ou emplois, si elle est élevée en dignité ; si c’est un écrivain, ses principaux ouvrages, le jugement qu'on doit en porter, et les meilleures éditions qui en' ont été faites; si c’est un peintre, un sculpteur, un graveur, un architecte, ses meilleurs tableaux, statues, estampes , batimens et les qualités qui les distinguent, etc. Ce livre a de plus l'avantage de se trouver à la portée des facultés de ceux à qui la médiocrité de leur fortune ne permet pas d’acheter les grands Dictionnaires, ou qui n’ont pas le temps de les lire, et convient parfaitement aux personnes qui désirent avoir sous la main un livre commode et d'un usage facile qui leur rappelle sur-le-champ les principaux faits et les dates de ces faits.

Depuis l’abbé Ladvocat, d’autres dictionnaires plus volumineux ont été publiés d'abord en un petit nombre de volumes; mais leur succès les ont fait augmenter à chaque édition nouvelle, et aujourd’hui ces Dictionnaires sont d'un prix exorbitant. Indépendamment de ce défaut, le relâchement dans la morale et les principes philosophiques qui se sont glissés partout, se sont introduits dans ces Dictionnaires. L’abbé Feller, il est vrai,en a publié un nouveau rédigé dans d"excellens principes; mais son livre en 8 vol. in-8.°, est encore d'un prix trop élevé; nous avons pensé qu’un Dictionnaire écrit dans le même sens, qui se rapprocheroit du premier plan de Ladvocat, qui simplifieroit même, ce plan, en réunissant en deux petits volumes, ce que l’histoire présente de plus intéressant, offriroit quelque avantage pour sa forme, la modicité de son prix et pourroit être d’une grande utilité dans la circonstance présente.

Dans un moment où la philosophie renouvelle ses efforts pour renverser la religion en multipliant les livres impies, les amis des mœurs, de la morale et de l’ordre doivent employer tous les moyens pour s’opposer au torrent qui menace de nous engloutir. Le plus efficace, sans cloute, est de faire connoître les ouvrages qui peuvent corrompre les mœurs et porter le désordre dans les familles. Sans mœurs il n’y a point de religion, et celui qui oublie les principes de sa religion ne conserve pas longtemps des mœurs. Si notre siècle est si dépravé, nous le devons à la profusion des mauvais livres qui inondent la France depuis plus d'un demi-siècle ; ce sont eux qui ont perverti la jeunesse, troublé l’harmonie conjugale, soulevé les enfans contre les auteurs de leurs jours, armé les peuples contre l’autorité ; pour tout dire, en un mot, ce sont eux qui ont amené la révolution et tous les maux qu’elle a produits. On diroit, en voyant les efforts de ceux qui se prêtent à la multiplication de ces productions abominables, que nous sommes menacés d'une semblable révolution. Tous les hommes qui ont l’esprit droit et le cœur pur sont donc intéressés de les empêcher de pénétrer dans leurs maisons, et pour y parvenir, il faut les connoître ; ce qui est assez difficile. Dans les ouvrages bibliographiques on y fait à-la-fois l’éloge des ouvrages de Millot2 et de ceux de Bossuet3, comme si ces deux auteurs devoient figurer dans la même bibliothèque. Ainsi souvent le père de famille se trouve trompé dans le choix des livres qu’il fait pour ses enfans. Il est trompé d"autant plus facilement, que beaucoup d'ouvrages, avant la révolution, avoient obtenu une espèce de passe-port par l’approbation de l’autorité ; mais la philosophie, qui étoit alors triomphante, avoit arraché, pour ainsi dire., cette sanction odieuse à des hommes foibles ou corrompus qui n'eurent pas le courage de la refuser, craignant de heurter un parti qui étoit dans toute sa Force. Le danger est encore plus grand aujourd’hui ; il n'y a plus besoin d’approbation, et les plus mauvais livres circulent librement; quelques-uns même sont indiqués pour l’instruction de la jeunesse. Nous avons vu et nous voyons tous les jours les tristes effets de ces pernicieuses productions. Instruit par l’expérience, c'est à nous de nous en garantir; c'est aux pères de famille, quelle que soit leur façon de penser, à empêcher ces livres odieux de pénétrer chez eux, s'ils veulent conserver de l’autorité sur leurs enfans. Nous croyons donc leur rendre service en leur donnant un guide, qui leur fera connaître ces ouvrages dangereux, que nous nous sommes plu à démasquer, parce que plusieurs se trouvent dans la bibliothèque de personnes, même de conscience délicate, qui ont été trompées par l’approbation dont ces livres ont été revêtus et à réputation dont ils jouissoient. Quant à ceux qui sont réellement impies, nous n'avons pas osé en donner les titres, de crainte que la curiosité ne l’emporte sur les principes ou la défense. Mais comment les connoître, dira-t-on ? Les auteurs impies sont indiqués pour ce qu’ils sont ; on doit s'abstenir de la lecture de tous leurs ouvrages: et tout livre qui n'est pas indiqué dans ce Dictionnaire doit être suspect; nous nous sommes appliqués à n'en omettre aucun bon et réellement utile.

Notre respect, notre amour pour la religion nous a engagé à garder aussi le silence sur les romans, dont la lecture ne peut qu’être dangereuse. Indépendamment du temps perdu ils remuent les passions, ils inspirent le goût des plaisirs et dégoûtent presque toujours des devoirs. Insensiblement ils font perdre de vue la religion, et de cet oubli il n’y a qu’un pas à l’athéisme.

Les parens ne sauroient donc être trop sévères sur le choix des livres qu’ils font pour leurs enfans, et ils doivent surveiller qu'ils n’en lisent aucun secrètement. Si les jeunes gens eux-mêmes connoissoient bien tous les dangers des mauvaises lectures, ils ne s’en permettroient aucune sans l’avis d’un directeur sage et éclairé. On s’imagine, parce qu'on a des principes, être à l'abri de la séduction, et on lit souvent par curiosité et pour connoître un peu de tout. Fatale curiosité ! elle est ordinairement la perte de l'innocence. Il en est des mauvais livres comme des poisons auxquels on ne peut toucher sans les plus grands dangers. Ceux qui sont obligés de les préparer usent des plus grandes précautions ; encore en sont-ils souvent les victimes; et s'ils n'en prenoient aucune, ils périroient tous. Comment se fait-il qu'on s’expose si légèrement pour une simple curiosité, malgré les funestes exemples qu’on a tous les jours des effets des mauvais livres. Sainte Thérèse fut sur le point d’être pervertie par la lecture des romans ; elle ne dut son salut qu'à un effet de la grâce. Si l’on connaissoit tous les maux qu’ils ont occasionnés, on seroit encore plus en garde contr'eux. Que de jeunes gens se sont perdus pour en avoir qu'un seul à l’insu de leurs parens ou de leurs maîtres. Il a fallu pour cela employer la dissimulation, premier pas qui conduit à tous les crimes.

Si nous sommes autant appesantis sur les mauvais livres, c'est que les maux qu'ils causent sont incalculables : nous aurions voulu pouvoir indiquer tous les ouvrages dangereux; mais parmi les productions modernes il en est beaucoup sur lesquelles nous nous sommes abstenus de porter un jugement, parce qu’elles ne nous sont pas assez connues; et qu'en fait de livres nouveaux, on ne peut prononcer légèrement, le plus grand nombre étant infecté des erreurs du jour ou de peintures licencieuses.

Notre Dictionnaire, comme nous l’avons dit plus haut, renferme en abrégé l'histoire universelle, et il indique les meilleurs auteurs et les meilleurs livres en tout genre; il met sur la voie .et il présente au lecteur, surtout à la jeunesse, une ample matière d’instruction et d’étude. C’est en cela seul que nous avons voulu faire consister son mérite. Pour le rendre plus portatif, nous nous sommes servis de quelques abréviations, faciles à découvrir, dont nous avons donné la table à la tête du Dictionnaire.

On trouvera à la fin du premier volume un Supplément qu'il est nécessaire de consulter, parce que nous y avons mis les additions et des remarques essentielles , et très importantes. Nous prions instamment nos lecteurs de ne juger absolument d’aucun article, surtout du tome premier, qu’après avoir consulté ces additions.

Je mets en ligne la chronologie de Rolland, avec en regard les observations concernant la présentation actuelle de l’histoire de France. J’ai mis sur fond jaune ce qui est aujourd’hui intégré au « roman national »

 

Page 4 de la chronologie

Page 4 de la chronologie

Date

Texte J.F Rolland

Remarques personnelles

600 BC

 

La fondation de Marseille1 par les Grecs n’est pas mentionnée. C’est pourtant le premier fait historique connu sur le territoire national.

124 BC

Fondation d’Aix-en-Provence2 par une colonie romaine

 

118 BC

Narbonne est fondée

 

58-50 BC

 

La Guerre des Gaules3 (dont Vercingétorix) n’est pas mentionnée !

Page 5 de la chronologie

Page 5 de la chronologie

Date

Texte J.F Rolland

Remarques personnelles

275

Établissement de la religion chrétienne en France par saint Denis1

Irénée de Lyon2 (130-200) est antérieur et n’est pas mentionné, bien que théologien renommé !

277

L’empereur Probus vient dans les Gaules et fait planter la vigne dans les environs de Lyon.

 

Page 6 de la chronologie

Page 6 de la chronologie

Date

Texte J.F Rolland

Remarques personnelles

413

Les Bourguignons1, peuple de la Germanie, s’établissent sur les bords du Rhin.

« Burgondes ».

420

Commencement de la monarchie françoise, sous Pharamond, chef des Francs

Personnage essentiellement mythique2. Ilserait le père de Clodion le chevelu, dont l’histoire est attestée et le grand-père de Mérovée.

449

Mérovée3, roi des Francs, commence la première dynastie françoise.

Grand-père présumé de Clovis, existence contestée par certains historiens.

451

 

Bataille des champs Catalauniques4. Elle oppose une armée romaine et ses alliés germains aux Huns d’Attila. Selon la tradition, ce dernier aurait épargné Paris grâce à sainte Geneviève5.

495

Clovis6, vainqueur des Allemands7, près de Tolbiac, embrasse la religion chrétienne et est baptisé par Saint Rémi.

 

7Alamans

Page 7 de la chronologie

Page 7 de la chronologie

Date

Texte J.F Rolland

Remarques personnelles

732

 

Bataille de Poitiers1, qui oppose une armée franque et burgonde commandée par le maire du palais Charles Martel, allié aux Aquitains, à une armée musulmane venue d’Espagne. Victoire franque intégrée au roman national aux XIXème siècle et devenue un mythe identitaire.

757

Constantin Copronyme2 envoie à Pépin le Bref3 le premier orgue qui ait paru en France.

 

760

Première horloge à roue, envoyée à Pépin le Bref par le pape Paul I

 

787

Charlemagne introduit dans l’église des chantres, des organistes et le champ grégorien.

 

800

Charlemagne est couronné empereur d’Occident par le pape Léon4.

Vers le même temps l’université de Paris est établie.

La date habituellement reconnue pour la fondation de l’université de Paris est la fin du XIIème siècle.5

842-843

 

Serments de Strasbourg et Traité de Verdun6. Les petits-fils de Charlemagne se partagent l’empire. Les Francies occidentale (Charles le Chauve) et orientales (Louis le Germanique) sont à l’origine de la France et de l’Allemagne actuelle (en gros).

845

Les Normands ravagent la France7.

Les raids vikings sur le territoire de la France actuelle sont surtout connus par des chroniques rédigées par des clercs qui en ont souvent exagéré l'ampleur et l'importance.

912

Les Normands s’établissent en France sous Rollon8.

 

987

Fin de la race de Charlemagne. Hugues Capet9 est proclamé roi et commence la troisième race.

 

3 Fils de Charles Martel et père de Charlemagne, premier roi de la dynastie carolingienne.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Constantin_V

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