Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de François MUNIER

La critique est aisée, mais l'art est difficile.

28 Juillet 2019 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Histoire, #Amance, #Internet

Je vais prendre deux exemples, parmi mes lectures récentes, puis parler de mon expérience personnelle.

Exemple 1 : Jean-Paul Demoule.

Ce livre est génial, passionnant, écrit par une sommité en archéologie.

La critique est aisée, mais l'art est difficile.

Mais j'ai remarqué une petite erreur dans un schéma en fin d'ouvrage, une inversion de légende :

La critique est aisée, mais l'art est difficile.

Il ne me viendrait pas à l'idée de prétexter cette erreur pour dénigrer l'ouvrage et l'auteur, puisqu'elle ne remet pas en cause le reste des constats et conclusions.

Autre exemple :

 

J'ai acheté la nouvelle édition, préfacée (Suzanne Citron nous a quitté le 22 janvier 2018) par Laurence De Cock. C'est peu dire que signaler que cet ouvrage a été lu, relu, mis à jour. Et pourtant, page 23, une double erreur typographique :

"Les républicains des années 1930 et 1940, dont Jules Michelet et Edgar Quinet", au lieu de 1830 et 1840 !!

Sachant que les productions de ces deux historiens sont ensuite analysées et contextualisées sans erreur de date, cette "boulette" ne remet pas en cause les analyses de l'autrice.

Je sais par expérience qu'on est toujours le plus mal placé pour relire ses propres textes, et c'est pour cela que j'ai, à chaque fois que c'était possible, demandé à d'autres de relire.

Mais ça ne suffit pas toujours.

Et pourtant, ces ouvrages ont été écrits par des spécialistes, relus par d'autres spécialistes, mais personne n'est à l'abri d'erreurs de détail.

Quoi qu'il en soit, la démarche qui consiste à trouver le détail qui cloche pour remettre en cause l'ensemble d'un ouvrage ou d'une théorie est aussi celle des négationnistes.

Parlons maintenant de mon expérience personnelle, à un niveau plus modeste :

J'ai participé à la rédaction d'un livre sur mon ancien village. La gestation fut longue et l'accouchement laborieux, mais finalement le bébé n'était pas si mal que cela.

Cet ouvrage de 320 pages comportait plus de 1 200 références vérifiées, une bibliographie détaillée.

Comme la taille de l'ouvrage était limitée, un certain nombre d'annexes n'ont pas été imprimées, mais mises en ligne sur un blog dédié, ouvert aux commentaires.

La critique est aisée, mais l'art est difficile.

Après la parution, une bonne âme m'a dit que le livre était "truffé d'erreurs". Je lui ai répondu que nul n'était parfait, qu'il y avait un blog dédié, qu'il pouvait y faire ses remarques. Ce qui n'a pas été fait.

Il semblerait qu'il y ait trois erreurs selon ce contradicteur.

1. Nous avions réussi à identifier l'origine d'une plaque de cheminée, avec une inscription mystérieuse EPGHZS.

Elle est probablement liée au passage en Lorraine et à Amance en 1635 (guerre de Trente Ans) du duc Bernard de Saxe-Weimar, un des généraux allemands alliés du roi de France Louis XIII contre le duc de Lorraine.

Les lettres EPGHZS peuvent être traduites par: « Erb Pfalz Graff Herzog Zu Sachsen », c'est à dire, « comte palatin héréditaire et duc de Saxe ».

Et les armoiries reproduites sur la plaque correspondent.

Malheureusement, nous avons écrit et laissé passer la mention "le maréchal de Saxe", titre porté un siècle plus tard par Maurice de Saxe, un des généraux de Louis XV.

2. Pour éviter des problèmes de droits d'auteur concernant les cartes et schémas, nous avons dû faire, avec l'aide d'un graphiste, des schémas originaux. Et une poterne supposée a été décalée d'une cinquantaine de mètres sur un schéma.

Ces deux erreurs, dont chacun jugera l'extrême gravité, ne sont pas contestables.

3. La troisième est plus complexe, car c'est "parole contre parole". Les difficultés de fonctionnement de la pompe qui alimentait le réservoir d'eau depuis la source du Houchot, située à 80 mètres en contrebas, seraient dues aussi à une erreur de câblage du ou des moteurs électriques des pompes.

Nous nous sommes référés au témoignage d'un des gestionnaires. La preuve des erreurs commises peut être apportée, mais de simples affirmations ne suffiront pas. D'autant plus qu'il y aurait mise en cause d'une personne précise.

Ce que nous avons de notre côté évité de faire, alors que nous avions en tête des exemples où la vie d'un village n'est pas "un long fleuve tranquille".

Mais nous n'avons pas épuisé le sujet de l'histoire locale, notamment sur la période plus récente. Comme c'est "au pied du mur qu'on voit le maçon", il ne reste plus à notre critique qu'à montrer qu'il peut faire mieux, et je lirai avec attention ses travaux.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article