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Le blog de François MUNIER

Un casematier se souvient

2 Mars 2025 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Histoire, #Histoire du 79ème RI, #Guerre 1939-1945

Bulletin « Le Clocheton » de 1988

Un casematier se souvient

Notre camarade Edouard Ternoir, du 79° R.l.F., était chef de pièce de la cloche de tir, de la casemate Aschbach-ouest. ll nous communique un travail très intéressant qui comprend un historique succinct de la Ligne Maginot, la description technique d'une casemate, et la guerre dans ce secteur après le 10 mai 1940. Nous l'en remercions vivement. Cette année, en raison de l'abondance du courrier qui nous est parvenu, seule, la dernière partie paraîtra dans notre bulletin. L'an prochain, nous pourrons insérer les deux premières parties, car elles entretiennent nos souvenirs.

Un casematier se souvient

Après le 10 mai 1940

Telle qu'elle était à la déclaration de la guerre en 1939 la Ligne Maginot était pratiquement infranchissable pour l’ennemi. Mais le 13 juin 1940, le Commandement français a donné l'ordre aux unités d'intervalles de se replier, plaçant ainsi certains ouvrages et surtout les casemates en état d'infériorité.

Les Allemands conscients de cette situation n'ont pas manqué d'attaquer en certains endroits, pour la gloire uniquement. Partout ils ont rencontré une forte résistance, en Moselle notamment où tous les ouvrages ont résisté.

A Marckolsheim, où ils pouvaient agir à leur guise car il n'y avait plus d'artillerie, de la rive droite du Rhin, donc à courte distance, un canon de 88 m/m bloqué en direction a, par un tir intensif mis hors d'état une casemate et obligé l'équipage à se rendre. C'est la seule brèche qui a pu être faite dans la Ligne.

Par contre les casemates d'Aschbach et d'Oberroedern attaquées le 19 juin par aviation (plusieurs vagues successives de Stukas) et par l'infanterie ont résisté. Après six heures de combat, l'ennemi s'est retiré en emportant ses morts, mais laissant néanmoins huit cadavres sur place. Ils étaient venus convaincus de pouvoir occuper les lieux sans grand mal, car outre leurs paquetages ils avaient apporté un énorme drapeau à croix gammée qu'ils comptaient certainement planter sur la casemate.

Le lendemain de l'armistice, l'équipage de la casemate d'Aschbach Ouest a enterré sur place les huit cadavres auxquels le drapeau a servi de linceul. Les Français ont même rendu les honneurs militaires à leurs victimes. De loin, à la lisière du bourg d'Aschbach, d'autres Allemands rescapés du carnage ont assisté àla cérémonie. Ils ont pu se rendre compte que la devise des gens du béton ” ON NE PASSE PAS " n'était pas un vain mot.

Puis les jours passèrent, c'était l'incertitude pour tout le monde. Certains parlaient même de reprendre le combat. Finalement les Allemands tranchèrent net par cet avertissement: " La non-reddition sans condition constituerait une violation du traité d'armistice et entraînerait immédiatement la reprise des hostilités. ” C'était clair.

Donc, à partir du 2 juillet tous les équipages ont évacué leurs positions pour rejoindre des casernes à l'arrière où le surlendemain on leur annonça qu'ils étaient prisonniers.

Le colonel Schwartz commandant le Secteur fortifié de Haguenau (de Drachenbronn à Soufflenheim) a tenu que dans le livret individuel de chaque membre de son secteur soit portée la mention suivante :

" Maintenu sur les positions sept jours après l'armistice. A déposé les armes sur ordre formel du Commandement Français. Non-prisonnier à l'armistice. Interné par les Allemands à Haguenau le 2 juillet 1940 En somme les combattants de la Ligne Maginot n'étaient-ils pas déjà les premiers combattants de la résistance française ?

Edouard TERNOIR, sergent spécialiste breveté en armement d'infanterie de forteresse. chef de pièce cloche de tir casemate Aschbach Ouest.

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