Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de François MUNIER

Journal de route du 2e Bataillon du 79e R.l.F. du 13 au 25 juin 1940 (1)

10 Février 2025 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Histoire, #Histoire du 79ème RI, #Guerre 1939-1945

Les troupes allemandes ayant contourné la ligne Maginot le 10 mai 1940, l’état-major décide de prélever des troupes de fortification désormais inutiles pour tenter de s’opposer à l’avance ennemie.

C’est ainsi qu’un « bataillon de marche » est constitué avec objectif de gagner Saint-Dizier. Il n’y arrivera pas, certains éléments combattront « à front renversé » du côté de Luxeuil.

Date de mise en ligne

Titre

23/11/2024

Juin 1940. Des combats à front renversé près de Luxeuil (1/)

27/11/2024

Juin 1940. Des combats à front renversé près de Luxeuil (2/)

13/12/2024

Juin 1940. Des combats à front renversé près de Luxeuil (3/)

16/12/2024

Juin 1940. Des combats à front renversé près de Luxeuil (4/)

18/12/2014

Juin 1940. Des combats à front renversé près de Luxeuil (5/)

05/01/2025

Juin 1940. Des combats à front renversé près de Luxeuil (6/)

Le bataillon resté sur la ligne Maginot affronta une offensive frontale allemande et y résista. Je m’interroge sur le but de cette offensive, alors que les troupes allemandes sont aux portes de Paris et que l’armée française est incapable de les arrêter. Je suppose que cette action avait un but plus de propagande « la ligne Maginot n’est pas invincible » que stratégique.

Les bulletins de 1986 et 1987 du « Clocheton » publient le « journal de marche » du bataillon resté sur place. Le texte n’est pas signé, je suppose qu’il a été rédigé par un des membres de l’état-major du régiment.

J’ai eu la surprise d’en trouver une version en castillan sur ce site :

https://www.forosegundaguerra.com/viewtopic.php?f=4&t=12665&start=135

J’ai inséré des notes en bas de page pour expliquer certaines abréviations, préciser des lieux et indiquer les évènements sur d’autres théâtres d’opération.

Journal de route du 2e Bataillon du 79e R.l.F. du 13 au 25 juin 1940

Ordre de bataille des éléments du 2/79 R.I.F. en couverture le 14 juin 1940

Commandant de quartier : Capitaine Quinet.

Officier adjoint : Lieutenant Mougin.

Commandant la C.M1. 7 : Lieutenant lmbona.

Chefs de sections : Lieutenant Jung, Sous-Lieutenant Schall, Aspirant Durand, Aspirant Rolland, Aspirant Rivière, Adjudant Gain, Adjudant Hansberger, Sergent-Chef lmpérato, Sergent-Chef Kerneiss.

4e Compagnie-équipages de casemates :

Commandant de Compagnie : Capitaine Quinet.

Chefs de casemates :

Aschbach Est : Lieutenant Beck.

Hatten Nord : Lieutenant Claudel.

Oberroedern Nord : Lieutenant Vialle.

Oberroedern Sud : Lieutenant Rieffel.

Aschbach Ouest : Sous-Lieutenant Linger.

Seltz : Adjudant-Chef Ehrard.

Section de Commandement : Adjudant Guchel.

Sous-Officiers (4e C.E.C.2) :

Adjudants : Dollé, Limosin, Balland.

Sergents-Chefs : Guyonneau, Mugg, Freineaux.

Sergents : Carroué, Jurmande, Mahue, Ternoir, Delsart, Martin J., Dusseux, Martin P., Renard, Crié.

C.M. 7 :

Adjudant-Chef : Pasquier.

Sergents-Chefs : Keruzaré, Courtade, Delpant, Hegmann.

Sergents : Dibault, Camelin, Chaulin, Diegelmann, Gass, Hur, Adida, Drou, Hasser, Klein, Lamotte, Philippeau, Ruff, Vuaquelin.

Casemate de Bourges3 :

Adjudant : Jayet.

1 Compagnie de mitrailleuses

2 Compagnie-équipage de casemates

Casemates citées

Casemates citées

14 Juin1

A 2 heures du matin, les éléments des A.P. rappelés arrivent au bec de canard où des guides les conduisent à leur P.A2.. Au petit jour, les éléments de la C.E.C. rejoignent leurs casemates.

La journée se passe en réorganisation. Le quartier est tenu de la manière suivante :

P.A. 1

1 canon de 25

 

P.A. 1 bis

1 mit. 3 FM

Adjudant Gain

P.A. 5

1 gr. 81 1 FM

Sergent Adida

P.A. 5 N.

1 mit s/bloc

Sergent-Chef Kerneiss

P.A. 5 S.

1 FM

Sous-Lieutenant Shall

P.A. 4 bis

1 FM

Sergent Haaser

P.A. 4 N.

1 mit. s/tour.

1 FM s/bloc

Sergent Drou

P.A. 4 S.

2 mit., 1 FM

1 mit., 3 FM

Aspirant Rolland

P.A. du Rotenmuhl

1 mit. s/tour.

1 mit. s/bloc

Aspirant Rivière

P.A. 10

1 canon de 25

Sergent Vuaquelin

Dans l’après-midi, l’Aspirant Rivière est envoyé aux A.P. pour expliquer au Lieutenant Jung la situation (ce qui n’avait pas pu être fait par téléphone).

Dans la nuit vers 23 heures, le Sergent Adida ramène ses mortiers qu'il avait laissés aux A.P.

15 Juin3

Vers 2 heures du matin, les Allemands déclenchent, après préparation d'artillerie, une attaque sur les A.P. Le temps pluvieux et brumeux facilite leur infiltration. Le P.A. 8 (3e Bataillon) et le P.A. 9 (Aspirant Durand), surpris et encerclés, sont pris par l'ennemi.

Les opérations se précipitent. A l'est, les éléments du 23e R.I.F. abandonnent sans prévenir la côte 194. Le P.A. de liaison (Sergent-Chef Kerneiss) rejoint par ordre le P.A. 2 bis.

Dès 6 heures, les éléments de tête allemands ayant suivi la vallée du Seebach, occupent Stundwiller et le carrefour 194,6 - 300 mètres S.O. du P.C. des A.P.

Cette dernière indication fournie par le Lieutenant Jung avec lequel la liaison téléphonique est encore possible, permet le déclenchement d'un tir d'artillerie efficace, bien que les batteries de l'ouvrage de Schoenenbourg4 soient à limite de portée. Le Lieutenant Jung demande quelques instants après d'autres tirs d'artillerie qu'on ne peut lui fournir sans pouvoir lui en donner la raison ; car lui avouer le départ de toute l'artillerie au secteur eût contribué à le démoraliser tout en renseignant l'ennemi.

Vers 8 heures, il téléphone pour rendre compte de la belle résistance du P.A. 10 (Sergent-Chef Impérato) qui, par le feu de ses armes automatiques, a fait devant ses barbelés une véritable hécatombe.

Le Lieutenant Jung demande si, par humanité, on ne doit pas aller chercher les blessés allemands qui gémissent et appellent au secours. En présence de la menace d'encerclement dont les A.P. font l'objet, le Lieutenant Imbona qui est à l'appareil, lui répond de ne rien faire et de rester vigilant sur la position.

A 10 heures, la ligne téléphonique est coupée. Le Lieutenant Jung envoie un agent de liaison au bloc de Trimbach pour faire connaître par la ligne des blocs que ses A.P. sont complètement encerclés et qu'il est aux prises avec un ennemi de plus en plus nombreux. Il demande s'il doit ou non se replier. Ordre lui est donné de résister sur place jusqu'au bout (directives du sous-secteur). Quelques instants après, la ligne est également coupée.

Vers 10 heures arrive l'ordre de faire sauter les destructions de Buhl. Dans l'impossibilité d'envoyer un agent de transmission par la route d'Oberroedern à Buhl, Stundwiller étant occupé par l'ennemi, le Capitaine Quinet téléphone à la Seltz d'envoyer 2 hommes à Buhl. Cette mission, rendue délicate par la présence de détachements ennemis, est remplie avec succès par les soldats Richard et Girard. Malheureusement, 2 hommes de la destruction de Buhl voulant rejoindre Oberroedern ont trouvé la mort à Stundwiller. L'Aspirant Rivière reçoit de son côté l'ordre de faire sauter la destruction de Rotenmuhl. La progression de l'ennemi s’accentue Vers 14 heures arrivent 2 agents de transmission apportant un message verbal du Lieutenant Jung. En présence de l’encerclement et de l’écrasante supériorité de l'ennemi il demande si son repli ne doit pas être envisage. Il propose de regagner la L.P.R. si à 17 heures une fusée blanche est lancée Le sous-secteur interrogé maintient sa décision. La fusée blanche n’est pas lancée. Il ne faut plus compter revoir les 130 hommes des A.P.

Le Sous-Lieutenant Schall commandant le P.A. 2 bis, complètement cerné, décide, après l’épuisement de ses munitions de se replier. Il réussit non sans peine à regagner Oberroedern, sous les rafales des mitrailleuses allemandes sans avoir perdu un seul homme Dans la soirée, le Lieutenant Mougin, en traitement à Haguenau. rejoint Rittershoffen, il prend les fonctions d'officier adjoint au Commandant du quartier.

1Entrée des troupes allemandes dans Paris.

2Point d’appui

315 et 16 juin : les troupes allemandes franchissent le Rhin entre Schœnau et Neuf-Brisach et parviennent à enfoncer le système fortifié de la ligne Maginot à la hauteur de Sélestat et de Colmar qui sont prises le 17 juin.

Lieux cités carte IGN 1950

Lieux cités carte IGN 1950

16 Juin1 2

L'ennemi continue dès l'aube sa progression et donne des signes très nets d'une attaque sur le front du quartier. D’importants détachements sont signalés à l'est de Buhl. Ils sont pris à partie par la casemate de Bourges. Il convient de signaler le rôle très important que l’observatoire de Hatten commence à jouer, rôle qui continuera dans la bataille qui d’ores et déjà est engagée. Sans cesse à son poste d’observation, l’adjudant-chef Burst donnera des renseignements précis et précieux qui permettront de déceler les intentions de l’ennemi et rendront possibles les tirs d’artillerie judicieux et efficaces de l'ouvrage de Schoenenbourg. L’activité de l’observatoire de Hatten ne se ralentira pas jusqu’à la fin des hostilités.

Aux A.P., l'ennemi tente en vain de s’emparer du P.A. 7. (C.M.10). Dans cette lutte qui durera toute la journée, les casemates d’Aschbach (lieutenant Bech. Sous-Lieutenant Linger) et d’Oberroerden-Nord (Lieutenant Vialle) apportent au Sous-Lieutenant Mayer chef du P.A. 7 un appui très efficace par des tirs des jumelages et F.M. de cloches.

L'observatoire d'Aschbach (Lieutenant Guhl) demande en outre à notre artillerie d'ouvrage plusieurs tirs à son profit.

A 1 heure le Capitaine Quinet est appelé à Kuhlendorf par le commandant Henry qui a pris le Commandement du 79e R.I. au départ du Colonel Rethoré. On lui fait part d'un repli éventuel de la L.P.R. Dès la veille déjà, des notes du Colonel Schwartz commandant le S.F.H. laissaient pressentir la chose en donnant certaines indications pour la destruction de l'armement des casemates.

Il rentre à 17 heures pour être appelé quelques instants plus tard. Cette fois, toute éventualité d’un repli est écartée. L'ennemi a réussi à s’infiltrer dans les Vosges. De faibles détachements auraient déjà fait leur apparition à Saverne. En conséquence ordre est donné de détruire tous les papiers et d'organiser une résistance sur l'arrière de la position. Dans l’impossibilité d'assurer une défense efficace au P.C. de Rittershoffen, le Capitaine Quinet obtient de se transporter avec la section de commandement de la 4° C.E.C. et celle de la C.M. 7 à l'abri de Hoffen. Ce mouvement est réalisé vers 17 heures après triage et incinération des archives du bataillon. Le P.C. de Rittershoffen reste occupé par l'Adjudant Dollé et 2 téléphonistes (Weiss, Boulez) chargés de maintenir le fonctionnement du central.

De leur côté, les casemates d'Aschbach et d'Oberroedern continuaient des tirs ajustés sur les détachements ennemis qui multiplient leurs attaques sur le P.A. 7 (C.M. 10), lequel reçoit l'ordre de se replier en fin de journée. Les Allemands occupent aussitôt les positions et continuent des tirs d'armes automatiques sur les cloches des casemates d'Aschbach. L'infiltration s'accentue dans le village d'Aschbach et dans le ravin Miconet. Des tirs d'artillerie sont déclenchés sur divers points sur les indications de l'observatoire d'Aschbach. Des renseignements précieux sont fournis également par la casemate d'Oberroedern Nord sur le mouvement de camions et caissons ennemis sur la route de Trimbach à Oberseebach.

1 Les troupes allemandes arrivent à Orléans. Démission de Paul Reynaud. Pétain nommé Président du Conseil.

Lieux cités

Lieux cités

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article