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Le blog de François MUNIER

L'Iran (Perse) vu par Élisée Reclus (1884). Qom et Kashan

12 Mai 2018 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Iran

L'Iran (Perse) vu par Élisée Reclus (1884). Qom et Kashan

A l'orient de la région des pâturages que parcourent les Turkmènes et sur la lisière des sables, la ville de Koum ou Kom élève sa coupole dorée au-dessus du tombeau de « Fatima l'Immaculée », la sœur de l'imam Reza. Les femmes y viennent en foule pour y implorer la fécondité, la beauté, le bonheur domestique. Autour du sanctuaire sont épars « quatre cent quarante quatre » tombeaux de sainteté moindre, où cependant les prières sont méritoires, puis, au delà, s'étend à plusieurs kilomètres un champ des morts où dorment les fidèles qui ont eu le bonheur de mourir ou d'être transportés dans la ville sainte. Après Meched, Koum, que ni Juifs ni Guèbres ne peuvent profaner de leur présence, est le lieu de pèlerinage le plus vénéré sur le territoire iranien; mais, en comparant l'état actuel de la cité avec celui que nous dépeignent Chardin et autres écrivains antérieurs au dix-neuvième diminué. dix-neuvième siècle, il est certain que la piété a diminué. Koum n'a plus ses vingt mosquées; elle a perdu son commerce et son industrie, si ce n'est pour la fabrication des vases poreux1 : ce n'est qu'une grande ruine ressemblant à une nécropole plus qu'à une cité. Le désert qui s'étend au loin, les collines ocreuses ou blanches de sel qui du côté de l'ouest limitent l'horizon, forment le paysage désolé qui convient à la cité déchue.

Kachan, au contraire, la ville centrale de l'Irak-Adjemi, le principal lieu d'étape sur la route de Teheran à Ispahan, est en pleine prospérité. Située au pied de montagnes qui lui fournissent de l'eau, non toutefois en assez grande abondance, Kachan s'est entourée de vergers, de vignes, de jardins, de melonnières, de cultures en terrasses, où l'on sait utiliser les engrais, négligés dans la Perse septentrionale. C'est comme ville industrielle qu'elle s'est fait un nom : elle possède des fabriques de faïence, de joaillerie, des ateliers pour le tissage des fils d'or et d'argent, des teintureries, des chaudronneries, des manufactures de velours, de brocarts, les plus beaux de la Perse; c'est là que s'est maintenu l'art de peindre en mosaïque les parois intérieures des coupoles et des bains. Kachan, la « fiancée parmi les villes iraniennes », est, en effet, l'une des plus propres, une de celles dont les maisons sont construites avec le plus de goût et les pavés entretenus avec le plus de soin. Par sa position, elle semble destinée à devenir le centre des chemins de fer persans; elle possède déjà les meilleures routes après Teheran, et quelques-uns des magnifiques caravansérails qui se trouvent aux étapes de ces chemins sont entretenus avec soin comme aux temps du constructeur, le chah Abbas. De la même époque date un des plus grands travaux d'utilité générale qui existe en Perse : le Band-i-Koulroud ou « Digue du Torrent de la Montagne » que l'on voit au sud-ouest de Kachan, sur la route d'Ispahan. La muraille de retenue, en amont de laquelle les eaux s'étalent en lac, s'élève à 40 mètres de hauteur entre deux rochers2. A Kachan, on redoute les scorpions presque autant que les punaises à Mianeh ; heureusement d'innombrables cigognes aident à débarrasser la contrée de ces hôtes dangereux.

1Journal officiel, 28 juin 1876 ; — Jane Dieulafoy, Tour du Monde, 1883

2H Brugsch, Reise der preussischen Gesandschaft nach Persien in 1860 und 1861

La ville de Qom est revenue la capitale théologique de l'Iran et le pèlerinage est très fréquenté.

L'Iran (Perse) vu par Élisée Reclus (1884). Qom et Kashan

Les riches commerçants de Kashan se sont fait construire de somptueuses demeures.

L'Iran (Perse) vu par Élisée Reclus (1884). Qom et Kashan
Iran 2014, le centre
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