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Le blog de François MUNIER

L'Iran (Perse) vu par Élisée Reclus (1884). Le trône et la prison de Salomon

10 Mai 2018 , Rédigé par François MUNIER Publié dans #Iran

page 185

Le lac d'Ourmiah reçoit un grand nombre de rivières, dont la plus importante est le Djaghatou, venu des montagnes du sud. Une des branches maîtresses, le Sarouk, reçoit une partie de ses eaux d'un puits de 300 pas de tour qui s'ouvre au sommet d'une butte calcaire, désignée comme tant d'autres sous le nom de Takht-i-Soulaïman ou « Trône de Salomon »; sans nul doute, ce monticule de forme ovale et d'environ 50 mètres de hauteur a été graduellement formé par les eaux elles-mêmes, qui déposent des couches de travertin autour de leur orifice. Le puits a précisément la même profondeur que les assises de travertin ; mais ce n'est point au fond de ce gouffre que se trouve la source : elle doit emplir d'abord de vastes réservoirs dans les montagnes, car, si considérables que soient les emprunts faits à l'étang de la colline pour l'irrigation de la plaine environnante, le niveau lacustre se maintient toujours au même point. Des amas de pétrifications, provenant du passage de canaux dérivés de la grande source, s'élèvent çà et là autour du Trône de Salomon; il en est un qui a la forme d'un dragon et que la légende dit en effet être un monstre changé en pierre par le fils de David. A l'ouest, un autre monticule, appelé Zindan-i-Soulaïman ou Prison de Salomon », s'élève plus haut que le. tertre de l'étang actuel, soit à plus de 60 mètres, mais il est de même origine; il a également été édifié par des eaux pétrifiantes, et le milieu du cône est occupé par un puits vertical, la « prison » dans laquelle Salomon enfermait les génies coupables. C'est par là que s'élevait autrefois l'eau chargée de carbonate de chaux; mais le gouffre est vide aujourd'hui : l'eau s'est échappée par une issue des roches. De toutes parts, autour des deux puits, jaillissent des fontaines minérales et thermales, acidules, sulfureuses et calcaires1.

1 Rawlinson, mémoire cité.

Page 252

Une ville très importante s'élevait autrefois au sud-ouest vers les sources de la rivière maîtresse du Djaghatou. Ses ruines entourent le lac ou plutôt le puits jaillissant de Takht-i-Soulaïman ; on y retrouve les restes d'un grand temple du Feu qui fut probablement le plus fréquenté de l'ancienne province d'Atropatène; d'après Rawlinson, cet édifice et les constructions des alentours seraient les ruines de l'Ecbatane médique1. La légende moderne en a fait le « Trône de Salomon » et l'on montre au nord-est une autre colline couverte d'édifices, le Takht-i-Balkhis, où siégeait la reine de Saba, conversant à travers l'espace avec son royal amant. L'ancienne route de Ninive à Raghès passait par la cité sacrée; elle franchit la grande chaîne de la frontière par un col très élevé, où nul voyageur ne se hasarde en hiver. Le seuil est indiqué par un « pilier bleu »— d'où le nom de Kali chin donné au passage— portant une inscription cunéiforme; sur une chaîne plus basse, située déjà sur le territoire turc, est une autre « pierre écrite » que les Kourdes considèrent comme un talisman, presque comme un magicien, car ils l'invoquent comme un être vivant. Schulz prit une copie des inscriptions, mais il fut assassiné et son journal de voyage n'a pas été retrouvé; quant à Rawlinson, chassé par une tourmente de neige, il ne put que voir les piliers et s'enfuir. La bourgade la plus populeuse, sur le versant iranien du col, est Soudj boulak ou « Froide Fontaine », la capitale des Mikri, tribu kourde qui a presque entièrement abandonné ses habitudes nomades. Dans le voisinage, Monteith a découvert l'autel du Feu le mieux conservé de l'Atropatène; il est soutenu par huit colonnes taillées dans le roc

1 Journal of the Geographical Society, 1841

D'après Rawlinson

D'après Rawlinson

J'y suis passé en 2016.

Le trône de Salomon était un lieu de culte zoroastrien et est toujours un lieu de pèlerinage pour ces derniers.

Il a été inscrit sur la liste UNESCO du patrimoine de l'Humanité en 2009, à la demande du gouvernement de la République islamique d'Iran.

L'Iran (Perse) vu par Élisée Reclus (1884). Le trône et la prison de Salomon
L'Iran (Perse) vu par Élisée Reclus (1884). Le trône et la prison de Salomon
La "prison de Salomon"

La "prison de Salomon"

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